"On n'est pas là pour vous faire plaisir"
17:40
La majorité (extrême droite, RN) se réunit, ce 11 mars, sur le parking derrière la salle des fêtes du Pontet. Le maire Joris Hébrard claque la bise à l’un de ses adjoints non identifié par la journaliste myope du Ravi.
18:00
le Ravi prend place. Les journalistes sont installés tout au fond de la salle interdite au public pour des motifs sanitaires, derrière l’opposition qui lui tourne le dos. La distanciation sociale étant respectée, on est tous bien loin les uns des autres. Joris Hébrard, qui ne cache pas son scepticisme envers les mesures sanitaires prises pour lutter contre le Covid-19, porte un masque. Sous le nez.
18:05
Le conseil municipal observe une minute de silence en mémoire de Dominique Marsilio, élue de la majorité décédée des suites d’une longue maladie.
18:07
Ouverture de séance. Hébrard énonce les délibérations de pouvoir et enlève son masque.
18:09
Jean-Louis Costa, troisième adjoint délégué à la prévention et à la sécurité publique, présente la convention entre le Conseil local de sécurité et de prévention et le collège, en gros entre la mairie et l’Éducation nationale. Ce partenariat implique que le collège signale aux services municipaux les élèves absentéistes ou coupables d’actes d’incivilité dans et aux abords du collège. « Des questions ?« , interroge le maire.
18:10
« Comment se passent concrètement ces signalements ?« , questionne Jean-Firmin Bardisa, élu de la liste sans étiquette – mais soutenue par LREM “Unis et engagés pour le Pontet”. En 2019, Hébrard a perdu la vice-présidence du Grand Avignon au profit de Bardisa, et il a récupéré son siège en juillet 2020 grâce aux voix de la droite mais aussi d’élus communistes et socialistes. Lors du dernier conseil municipal, l’opposant avait quitté la salle pour protester contre le refus du maire de porter un masque.
18:15
Jean-Louis Costa cite les sept signalements pour absentéisme et rappels à l’ordre envoyés au tribunal qui a délégué la compétence au Conseil de prévention. Bardisa insiste et demande quels ont été les résultats de ces signalements. Costa cite un élève “retourné dans le droit chemin”. “Il y a toujours des récalcitrants, mais ceux-là sont irrécupérables”, ajoute-t-il. C’est beau, l’humanisme.
18:16
Danielle Merialdo, deuxième adjoint délégué à l’équipement informatique, présente la demande de subvention dans le cadre du plan de relance prévu par le gouvernement pour contribuer à la généralisation du numérique. Pas adjointe, adjoint. “Des questions ?” interroge le maire.
18:19
“Un ordinateur pour dix élèves, je trouve ça un peu léger”, pointe Jean-Firmin Bardisa, en jambes. L’élu rappelle la précarité informatique mise en lumière par la crise sanitaire, et demande si les services municipaux sont en capacité de recenser le nombre d’élèves dans cette commune qui subissent ces inégalités.
18:21
“C’est pas le sujet, la détresse numérique”, tacle Hébrard avant de donner la parole à Danielle Merialdo. L’adjointe recadre d’un modeste : “On remplace le matériel défectueux.” Joris Hébrard, plus ferme : “Le numérique ça ne nous intéresse pas autant que vous. Ce n’est pas inintéressant mais vu la baisse générale de niveau on va y aller mollo, on préfère que les enfants suivent un apprentissage traditionnel. Et puis le numérique ça coûte cher, ça peut tomber en panne… Bref, on préfère garder les supports traditionnels.” Tra-di-tion-nels.
18:38
Joris Hébrard soumet une délibération fixant la gratification des élèves stagiaires dans des établissements d’enseignement à 15 % du plafond horaire de la Sécurité sociale, plus l’accès au restaurant municipal et le remboursement des frais de déplacement. “Des questions ?” interroge le maire. Pas de questions, mais des “remerciements” de Jean-Firmin Bardisa, qui rappelle la précarité financière subie par de plus en plus d’étudiants depuis le début de la crise sanitaire. Hébrard : “On ne fait pas venir les gens pour les exploiter, surtout dans les conditions actuelles, mais dans la limite de nos moyens.” S’ensuit un échange passif-agressif entre Hébrard et Bardisa, malgré leur accord manifeste sur le sujet.
18:45
Karine Bernaert, sixième adjoint-pas-adjointe délégué à la culture et la jeunesse, présente un projet d’octroi de subvention exceptionnelle à une association qui organise des “journées rapprochement police-population”. En 2021, le thème est “la loi et les citoyens”. Ils en ont de la chance, les petits Pontétiens.
18:45
Le premier adjoint, Patrick Suisse, sympa, nous “fait grâce” de la lecture de la liste des associations subventionnées. Des questions ?
18:46
Oui, de la part de Jean-Firmin Bardisa, qui est “allé chercher les subventions de l’année précédente”. “Ah ben voilà, un vrai travail !” ironise Hébrard. “Pourquoi l’association pénitentiaire disparaît ? Pourquoi certaines baissent ?” interroge Bardisa.
18:47
Bastien Dade, troisième adjoint délégué au sport et à la vie associative, explique que les associations qui ont vu leur dotation baisser “n’ont pas fait grand chose durant l’année”.
18:50
“On rentre dans les choses sérieuses”, annonce Hébrard, avant de laisser la parole à Patrick Suisse, qui présente le budget principal 2020, puis le budget primitif 2021.
18:57
Pour ne pas avoir construit assez de HLM, la ville du Pontet a écopé d’une amende de 160 601 euros au titre de la loi SRU, qui préconise un minimum de 25 % de logements sociaux, contre 19,14 % au Pontet.
19:11
C’est long, une présentation budgétaire. Joris Hébrard plonge dans son téléphone et le Ravi dans l’ennui.
19:14
Fin du tunnel budgétaire. Mais Jean-Firmin Bardisa a une objection. Il a relevé quelques chiffres, dont la marge d’autofinancement à 1,02 % de la commune. “Vous surfez sur le bord de la correctionnelle, parce que vous faites moins à la fin de l’année”, accuse l’élu. Il dégaine aussi la note attribuée au Pontet par le site Contribuables associés, une association qui classe les communes selon leurs dépenses publiques. Hébrard y est jugé “dépensier”.
19:16
Dernière interrogation de Bardisa-l’opposition-personnifiée qui aimerait savoir pourquoi la demi-prime due par la commune aux fonctionnaires n’apparaît pas dans les dépenses de la commune.
19:17
Patrick Suisse : “On n’a rien emprunté en 2020, c‘était la volonté de M. Hébrard.” Bardisa: “Vous ne vouliez pas emprunter, vous empruntez en 2021.”
19:18
“Ne nous faites pas passer pour dépensiers alors que c’est tout l’inverse” intime Joris Hébrard à Jean-Firmin Bardisa. “Votre exemple est foireux. La note de Contribuables associés progresse. Il s’est passé des choses depuis 2014, c’est pour ça que les Pontétiens nous ont réélus. On n’est pas là pour vous faire plaisir avec des chiffres qui n’intéressent que vous et pas la population.” Le “en même temps” sauce RN, ça donne du désendettement et de l’investissement, voilà tout.
19:23
En jambes, Joris Hébrard poursuit sur la fameuse prime due par la commune aux fonctionnaires. Le maire RN, appliquant le programme cité plus haut, avait annulé en 2015 le versement de cette prime annuelle, sur recommandation de la préfecture selon lui. “Vous avez misé d’un point de vue électoral” sur le jugement de 2019 qui invalidait la suppression de cette prime, lance-t-il à Bardisa, l’intimant de patienter pour connaître le dénouement de l’affaire. “Vous serez bien heureux, mais vous n’aurez plus rien à dire.” Paf.
19:26
Le directeur général des services, placé derrière le maire, tombe littéralement de sa chaise pendant une nouvelle intervention de Jean-Firmin Bardisa sur le budget, qui est voté avec deux absentions et six oppositions.
19:30
Patrick Suisse et Jean-Firmin Bardisa poursuivent leur joute, peu perturbés : « Ne soyez pas malhonnêtes ! » ordonne le premier. « Je ne suis pas malhonnête, c’est budgétaire » rectifie le second. Leurs désaccords mériteraient sans doute d’y passer la nuit, mais Joris Hébrard lève le conseil.
De haut en bas, dessinés par Trax : Joris Hébrard, le maire (extrême-droite, RN) ; Jean-Firmin Bardisa, conseiller municipal d’opposition (sans étiquette, « divers ») ; Patrick Suisse, premier adjoint au maire (extrême-droite, RN).