Et le maire d'Allauch cala...
Les électeurs à Allauch vont-ils retourner aux urnes ? Dans la ville de feu-Roland Povinelli, l’élection de Lionel Moisy de Cala (divers droite) a suscité 4 recours examinés ce mois-ci. Derrière ? Monique Robineau (LR), Laurent Jacobelli (RN), l’écolo Lucie Desblancs (à qui il a manqué 16 voix pour le deuxième tour) et un électeur, Frédéric Duret.
L’avance de Moisy de Cala est confortable (près de 32% au 1er tour, près de 62% au 2ème). Mais, au-delà des irrégularités lors du premier tour (affiches arrachées, électeurs appelés sur leur portable…), et si le rôle joué par l’association « Génération Allauch » devenue micro-parti local dans la campagne de Moisy de Cala interroge, c’est sur l’emploi qu’occupait ce dernier à la région que se concentrent les griefs. Révélé par le Ravi, alors que venait de se tenir le premier tour, Moisy de Cala était encore « directeur de projet » à la com’ de la région ! De quoi faire tiquer au regard du code électoral, les requérants estimant donc qu’il est inéligible. Voire que les élections, du fait d’une campagne tournée essentiellement autour de sa personne, devraient être annulées.
Lidl, c’est pas idéal
S’il ne trouve guère à redire du premier tour et s’il écarte les interrogations sur Génération Allauch, ses comptes de campagne ayant été validés, le maire consacre l’essentiel de son argumentaire sur son poste à la région. Ce n’était, dit-il, qu’une « mission support », de « participation » où il n’était que « force de proposition » et n’avait « nul pouvoir de décision, de direction et de contrôle » ! Pointant son absence dans « l’organigramme », il affirme – lui qui n’était que « n-7 » – qu’il « n’encadrait personne, n’avait la charge de préparer ni d’exécuter aucun budget [et] n’était chargé de conduire ni de piloter aucune politique ». Avec un salaire de 5 000 euros. Et ce, alors que la chambre régionale des comptes a étrillé la Région sur son armée de collaborateurs et leur rémunération !
En attendant la décision du tribunal administratif, les premiers pas de l’édile interrogent. Notamment en matière d’urbanisme. Durant la campagne, Moisy de Cala n’avait eu de cesse de dire son opposition à l’implantation d’un Lidl. Une « rumeur » dixit Povinelli qui, sur Facebook, avait promis : « Il n’y aura pas de nouvelle surface commerciale à Allauch. » Or, en novembre, lors d’un « aparté » en fin de conseil municipal, ressurgissent plusieurs projets de « surfaces commerciales ». « Ils ont été entérinés par l’équipe précédente, explique Moisy de Cala. Nous allons voir comment on peut intervenir sur ces projets dont les permis ont déjà été entérinés. » Monique Robineau bondit, expliquant que « jamais un Lidl n’avait été prévu ! » L’édile la tacle : « Vous êtes mal renseignée ! » Tout en redisant son opposition à un Lidl.
Si le permis accordé fin 2015 pour la « construction d’un parc d’activité composé de 9 lots » ne mentionne aucune enseigne, « 159 places de stationnement » sont prévues. Derrière ? Un promoteur bien connu à Allauch, Thierry Sportich, par ailleurs compagnon de Caroline Pozmentier, vice-présidente à la Région (ayant épaulé aux municipales à Marseille la liste macroniste d’Yvon Berland). Interrogée, la com’ de M. Sportich nous fait savoir que la construction d’un « centre de vie » sur ce terrain a bien commencé sans préciser « pour des raisons de confidentialité » le nom des futurs occupants. Et d’assurer que « Lidl ne s’installera pas sur ce terrain ».
Logements sociaux en souffrance
Il est d’autres dossiers en souffrance. Ainsi, depuis dix ans, le propriétaire d’une parcelle de 5 000 m2, à la lisière entre Allauch et Marseille, cherche à vendre son terrain où il a sa maison. En vain, la mairie refusant de donner son aval à tout aménagement. Y compris à de gros opérateurs. Le dernier promoteur, après avoir essuyé un refus avec l’ancienne municipalité, retente sa chance avec la nouvelle. Peine perdue. D’après nos informations, alors qu’il était prêt à revoir sa copie, l’échange avec l’adjoint à l’urbanisme a été des plus rugueux. Au point que le professionnel de l’immobilier a décidé de porter l’affaire en justice.
Pourtant, sur cette parcelle, son projet prévoit une dizaine de logements sociaux. Pas négligeable pour une ville aussi carencée qu’Allauch. D’autant que, lors du conseil de décembre, le maire martèle : « Sur les logements sociaux, c’est une politique totalement assumée. Je ne veux plus de grands ensembles. Mais des petits projets bien intégrés, mesurés. » En attendant, avec à peine 500 logements sociaux pour une ville qui devrait en avoir le triple, les pénalités d’Allauch pour non respect de la loi SRU avoisinent le demi-million d’euros. La ville va d’ailleurs requérir pour 12 000 euros à « une mission d’assistance à l’instruction des autorisations du droit des sols pour plus de transparence quant aux décisions prises par la commune en matière d’urbanisme ».
Fin janvier, le maire n’en a pas moins fait avaliser son premier budget. Avec, malgré une situation financière particulièrement contrainte (d’après un audit de KPMG de 14000 euros), des investissements loin d’être négligeables : un poste de police, une « maison de l’environnement », un « musée Marcel Pagnol », une extension de la mairie… Et ce, à l’occasion d’un conseil calé juste avant l’audience qui pourrait invalider son élection. Allauch, comme le dit la com’ de la mairie, « un certain art de vivre »…
Malgré nos sollicitations, ni Lionel Moisy de Cala, le maire, ni son adjoint à l’urbanisme, n’ont donné suite à nos demandes d’entretiens.
Sébastien Boistel (avec RSI Médias)