Culture… d’entreprise
Fâcheuse tendance
Le constat est sans appel : en Provence et à Marseille, sur le territoire où s’était déroulée en 2013 la capitale européenne de la culture, le monde économique s’est substitué aux institutions politiques qui n’assument plus leur rôle. Ce jugement cinglant, rapporté par Profession spectacle, n’est pas le fait d’un intermittent insoumis. C’est Laurent Carenzo, membre fondateur de Mécènes du Sud, un collectif d’entreprise, ancien conseiller à la Chambre de commerce et d’industrie, qui déplore cette absence d’ambition politique.
« Quel amour ! », le nom de code de MP 2018, le nouveau « rendez-vous festif et culturel » dans les Bouches-du-Rhône, a été principalement initié et financé par des opérateurs économiques. Son président, l’armateur Raymond Vidil, a jadis été chargé par Ernest Antoine Seillière, alors patron des patrons, de diriger le réseau territorial du Medef. Certes, lorsqu’on fait le bilan de l’interventionnisme culturel de Christian Estrosi, pas sûr qu’il faille toujours regretter le retrait des politiques : Robin des bois à l’envers, le président LR délégué de la Région prend surtout aux petits pour donner aux gros…
Reste une tendance fâcheuse, très en phase avec la doxa libérale et entrepreneuriale du président Macron : lorsqu’on parle culture, il faut désormais avant tout sortir sa calculette et causer investissements, retombées économiques, tourisme, atouts pour « performer » l’attractivité territoriale. Il n’est guère question de création, d’émancipation, d’éducation populaire… Et encore moins, bien entendu, de subversion !
Michel Gairaud
Au sommaire du dossier « Une fac en fusion », publié dans le Ravi n°157, daté décembre 2017. Actuellement chez les marchands de journaux en Paca : p. 8 La révolution culturelle en marche p. 9 Nyssen ni soumise ? p. 10 Pas facile d’intervenir dans l’espace public p. 10 Culture & politiques : le divorce p. 10-11 Trets : capitale provençalo-culturelle controversée p. 11 Strip de Yakana : La culture c’est ce qui reste quand on a oublié… les libertés p. 12 Estrosi : l’anti Robin des bois p. 12 Tribune de Alain Badiou, philosophe : « pour une culture libératrice et universaliste »