La montagne, ça vous gâte !
Les pathologies des « crétins des Alpes » étaient liées au manque de sel et donc d’iode. Mais, parfois, à trop prendre de hauteur, en montagne, l’oxygène aussi vient à manquer. Et puis, sur la carte, les Alpes, c’est comme les WC, au fond à droite. Alors, à chercher ceux qui, comme le dit le palmipède franchissent parfois le «mur du çon », négliger les départements alpins serait une erreur.
Il y a de véritables « microclimats ». Prenez Forcalquier, 17ème arrondissement marseillais et lieu idéal pour se « mettre au vert ». Mais aussi fief de celui qui, au PS à l’époque, par son « retrait », a laissé la région au duo LR/RN pour, ensuite et En Marche, laisser un souvenir impérissable que ce soit comme porte-parole du gouvernement, « sinistre » de l’Intérieur (même en boîte de nuit !) ou patron de la « majorité ». La parodie de son compte twitter – « Christophe Castagnette » – se distingue à peine du vrai.
Déjà en 2014, maire sortant, Castaner a failli être battu par Sébastien Ginet, une figure de la droite, qui s’est distingué, lui, en prétextant, pour justifier son retard auprès de France 3, avoir perdu… sa mère ! Il y perdra l’investiture LR pour les législatives, tentera de se refaire aux municipales à Manosque. Sans succès. Il est aujourd’hui, sans rire, « consultant dans le domaine de la prise de parole en public ». À l’époque, le FN y voit une « combine politicarde » des LR « redevables envers Castaner qui les a fait élire à la région ». L’analyste de haut vol ? Grégory Roose. Qui n’est plus au RN mais à Valeurs Actuelles. Et prône dans son livre Pensées interdites, face au « grand remplacement », le « grand rapatriement ».
Pourtant, comme le note un antifa contributeur du site La Horde, parmi les militants identitaires de « Defend Europe » ayant joué les garde-frontières en 2018 dans le Briançonnais (et qui ont été relaxés en appel !), « il n’y a pas ou peu de gens du cru ». Confirmation de Laurent Eyraud-Chaume, comédien engagé et animateur du média citoyen Alp’ternatives : « Ici, l’extrême droite a du mal à s’ancrer. Mais c’est aussi lié à la présence d’une droite qui, comme souvent en milieu rural, occupe depuis longtemps le terrain. Et ne laisse guère de place. »
« Ici la droite ne laisse guère de place »
Comme par exemple le maire LR de Sisteron Daniel Spagnou : « Il a 80 ans. Et quasi autant d’années en tant qu’élu si on cumule tous ses mandats. Du classique, malheureusement. Comme le peu de place pour les femmes », déplore, en off, une élue locale. Las, une des rares exceptions, Chantal Eyméoud, ne se distingue guère. Maire (LR) d’Embrun et vice-présidente à la Région en charge de « l’économie de la montagne » et de la « culture », on se souvient à Veynes de son rôle dans le bras de fer qui a conduit à la fermeture en 2017 du centre de ressources, une structure de prêt de matériel pour la culture. Deux ans plus tard, la Région a ouvert une antenne de sa régie culturelle – une structure de prêt de matériel – à…Veynes.
Le bronx, ça existe aussi dans de tout petits villages ! Comme à Saint-Jurs (04) où le torchon brûle entre la population et la maire Danielle Urquizar (suppléante au département de la députée macro-dissidente Delphine Bagarry). En cause d’après le « mouvement citoyen » ? Un PLU adopté au forceps, le devenir du seul commerce du village (un restaurant), l’attitude de l’élue… D’où, dans un village de 140 habitants, une pétition, la contestation en justice du PLU et, suite à la démission de trois adjoints, de nouvelles élections !
Toutefois, le premier « crétin des Alpes » distingué par l’émission « Sous les glaciers… la rage » sur Radio Zinzine, c’est Roger Didier, le maire LR de Gap. Un « bon client » dixit Laurent Eyraud-Chaume (dont le père a longtemps été dans l’opposition) : « Un exemple ? Depuis des années se développent les intercommunalités. Mais pas simple pour ces élus de travailler ensemble. La première interco n’a donc rassemblé que Gap et trois communes. Son nom ? « Gap en plus grand » ! Ça ne s’invente pas ! Depuis, elle s’est élargie. Hélas sans projet. Mais ils sont tous vice-présidents. Avec les indemnités qui vont avec. »
Les migrants sont un autre terrain sur lequel se distinguent nombre d’élus. Mais rarement pour le meilleur. A peine élu, le nouveau maire (LR) de Briançon, Arnaud Murgia, a tenté de faire fermer, avec le soutien du RN, le Refuge, une structure d’accueil pour les migrants dont la convention arrivait à échéance. « Mais, note Aurélie Poyau, désormais dans l’opposition, face à la mobilisation – 40 000 signatures, le soutien de l’évêque de Gap au Refuge… – il a fait machine arrière et prolongé la convention jusqu’en avril. On lui a rappelé cette tradition qu’est l’accueil inconditionnel en montagne. Et que la fermeture du refuge ne serait pas sans conséquence pour Briançon. Mais, pour donner des gages à l’électorat de droite, il met en avant la vidéosurveillance, la police municipale… »
La bascule de Briançon laisse un goût amer. La droite l’a emporté dans une triangulaire, le maire sortant Gérard Fromm n’ayant pas accepté la candidature de son ex-première adjointe Aurélie Poyau. Et l’édile, jadis au PS, de préférer recevoir le soutien d’En Marche. Notamment du secrétaire d’État à la ruralité et maire d’Argentière, Joël Giraud, auquel le Ravi a décerné son « plâtre ».
Bref, dans les départements alpins, on a l’embarras du choix. Mais soyons honnêtes. C’est là où les Alpes se font maritimes que se trouvent les plus beaux spécimens : Estrosi, Ciotti, Vardon… Avec eux, ça ne vole jamais très haut. Normal en bord de mer !