Une fac en fusion
Volcanologie
C’est la grenouille universitaire provençale qui rêvait d’être plus grosse que le bœuf anglo-saxon ! Née de la fusion en 2012 de trois établissements, Aix-Marseille Université (AMU) s’autoproclame la plus grande faculté francophone au monde. Avec ses 75 000 étudiants, elle a en effet de quoi complexer les facs de Nice-Sophia-Antipolis (30 000) et celle de Toulon (10 000). Elle s’étend même jusqu’à Arles et Gap en passant par Avignon, Digne-les-Bains, La Ciotat, Lambesc et Salon-de-Provence…
Mais à quoi bon cette course au gigantisme ? Pour mieux rivaliser sur le marché mondial de l’éducation ! Six ans après sa création, l’AMU n’est pourtant toujours pas entrée dans le top 100 du classement de Shanghaï dont les critères sont contestés. Si l’argent privé, avec sa « rationalité » entrepreneuriale, fait effet dans des laboratoires de recherche, l’idéologie libérale a surtout accouché d’un nouveau mammouth bureaucratique avec son lot de précarités et de souffrance au travail.
Quant aux étudiants, ils font « masse » eux aussi ! Si l’AMU n’a pas utilisé le tirage au sort pour désengorger des filières, la démocratisation de l’enseignement n’y rime pas à coup sûr avec réussite sociale et émancipation. Alors que le gouvernement, sans parler ouvertement de sélection, s’apprête à réguler les inscriptions, alors qu’étudier a un coût souvent difficile à assumer, le vent de la contestation peine à se lever sur les campus. Mais qui dit « fusion » implique de lents et profonds mouvements tectoniques. Une éruption n’est jamais à exclure !
Michel Gairaud
Au sommaire du dossier « Une fac en fusion », publié dans le Ravi n°156, daté novembre 2017. Actuellement chez les marchands de journaux en Paca : p. 8 La face cachée d’AMU p. 9 Berland le bon soldat p. 10 Une difficile orientation politique p. 10 Galères étudiantes p. 10-11 La recherche vendue comme des yaourts p. 11 Strip de Yakana : bienvenue à AMU p. 12 Massification, sélection : le bon grain de l’ivraie p. 12 Tribune de Cédric Bottero CGT AMU : institutionnalisation de la précarité