J’ai testé pour vous : Le salon Artemisia, Zen et Bio
« Zen et bio » qu’ils disaient… En ce samedi après midi d’octobre, je suis plutôt énervée et en sueur, tellement la foule est dense au Parc Chanot de Marseille. Les vendeurs de poêles antiadhésives et de râpes à légumes côtoient les étals de pierres guérisseuses et autres élixirs. Les Vegan sont à deux stands du charcutier Divin Porcello dont la mortadelle fait la taille de mon avant-bras. Les bonimenteurs vous hèlent pour venir tester, qui sa crème de jour au sel de la mer morte à 89 euros, qui son soin d’harmonisation énergétique, qui ses arbres de vie, qui son épile-moustache disgracieuse… On se croirait plus à la Foir’ Fouille qu’au salon du Bien-Être, autoproclamé « le plus grand en Paca ».
J’embarque une copine dans l’aventure, et je la découvre alors sous un jour nouveau : elle court s’inscrire à l’atelier « Tarot et connaissance de soi », regrette presque d’avoir raté celui sur « le message des animaux pour les humains ». Me lance des « attends, j’ai besoin d’infos sur les constellations familiales », aimerait bien tester l’Access Bars, technique qui permet d’ « apprendre à poser des questions à l’univers », rien qu’ça ! Mais 25 euros les 25 minutes, elle reconnaît que « c’est un peu cher ». Elle se contentera donc d’un massage Reiki de dix minutes à cinq euros dans un brouhaha infernal, d’une galette sans lait et sans gluten et surtout sans goût à sept euros et d’un thé froid qui sent le Destop mais qui « devrait faire du bien à [ton] estomac ». Non merci !
Le monde va mal et chacun semble être venu ici chercher « sa » solution. Mais le bonheur a un prix, et pour être zen et bio, un chéquier à portée de main est plus utile qu’un peu de sens critique. Pour 60 euros, Mireille vous dit quelle charge énergétique vos ascendants font peser sur votre nom. « Le « X » d’Alix est une lettre faible, pour la transformer en force, Alix devra faire du Yoga », prend comme exemple la « bio énergéticienne ». « Oui mais moi les horaires de Yoga ne correspondent jamais à mon emploi du temps ! », lance une potentielle cliente. Mireille lui rappelle gentiment qu’elle s’appelle Patricia et que donc le « x » ne la concerne pas. Si Patricia veut connaître sa lettre faible elle devra débourser. Pour ma part, n’ayant ni l’argent ni la Foi, je mise sur le rire et même le fou rire comme source de bien-être, et Artemisia est une mine inépuisable en la matière. Je laisse d’ailleurs le mot de la fin à Charles, musicien en Yoga du son sur bols de cristal, chemise tie and dye et catogan, qui lorsqu’il compare l’acoustique de deux bols explique le plus sérieusement du monde : « C’est superficiel mais tout en profondeur. »
Samantha Rouchard
NB : Reportage paru dans le Ravi n°145 (novembre 2016)