Rubirola n'est plus là
Et si Michèle Rubirola, la tête de liste écologiste du Printemps marseillais ne devenait pas maire de Marseille même en cas de victoire ? Début juin, plusieurs semaines avant le second tour des élections municipales, le Ravi documentait en avant-première les coulisses d’un scénario envisagé dans les rangs du brinquebalant attelage unissant la gauche (PS, EELV, PCF, des Insoumis…), les écologistes et des citoyens. Six mois après son élection nous y voilà. La médecin des quartiers Nord a choisi, ce 15 décembre, de se replier, en pleine crise sanitaire, sur son cœur de métier : une délégation à la santé, la présidence des Hôpitaux de Marseille… Et elle propose à sa majorité d’élire comme maire son premier adjoint, le socialiste Benoît Payan, qui lui laisserait en retour son poste de premier adjoint. Ce qu’il va falloir acter lors d’un conseil municipal, probablement ce lundi 21, s’annonçant animé.
Michèle Rubirola se justifie en soulignant qu’elle a trouvé une ville dans « un état calamiteux », avec des « finances exsangues » : « depuis 1945, Marseille n’a jamais été aussi près de sombrer. » Elle confie que ses problèmes de santé la rendent disponible seulement à « 150 % » au lieu des « 300 % » que la fonction requiert. Et d’expliquer, qu’en médecine comme en politique, il y a des « spécialistes du temps long », comme elle, et des « urgentistes », comme Benoît Payan, l’homme de la situation. Pourtant, le 28 juin dernier, avec 10 % d’avance sur Martine Vassal (LR), l’héritière de Jean-Claude Gaudin, les électeurs ont plébiscité… une femme, écologiste, appréciée car rompant avec les codes usités des professionnels de la politique, « la bonne maire, un nouveau personnage, une nouvelle manière d’être dans l’espace public » selon le sociologue Michel Péraldi.
Michèle Rubirola et le Printemps marseillais martèlent que la majorité est avant tout une aventure collective ou « l’ego compte moins que les fonctions » dixit la maire démissionnaire, où l’appartenance à une famille politique s’estompe face à l’intérêt général. C’est ce qu’il va falloir maintenant démontrer. Ces derniers mois ont déjà été marqués par le poids pris par le premier adjoint et les cadres issus du parti socialiste dans l’exécutif municipal. La nouvelle majorité avait promis un renouvellement des pratiques. Face aux urgences sociales et écologiques qui assaillent la ville, face aux attentes, le changement tarde à venir et les frustrations commencent à s’exprimer. Le Printemps marseillais va devoir – très vite – trouver une nouvelle voie – et de nouvelle voix ? – en plein hiver.
Le dessin illustrant cet article est signé Red ! pour le « clin d’œil du Ravi« publié chaque week-end sur Marsactu