Libertés floutées
Qui l’eut cru ? Nous avons renoncé presque sans sourciller – provisoirement bien entendu, pour les meilleures raisons du monde comme il se doit – à deux libertés fondamentales : celles de circuler et de se réunir. Notre monarque républicain et sa cour, après avoir consulté son conseil de défense, déterminent presque seuls, semaine après semaine, ce qui est autorisé ou interdit. Au nom de la sécurité sanitaire.
Dans ce contexte d’état d’urgence sans cesse prolongé, la police voit ses pouvoirs décuplés. Et c’est toujours au nom de la sécurité, « globale » cette fois-ci, que le gouvernement veut désormais interdire de filmer ou photographier policiers et gendarmes, tout en multipliant caméras mobiles et drones pour nous contrôler. La loi contre le « séparatisme » projette de retreindre la liberté d’association, celle sur la recherche pénalise les futures protestations étudiantes le jour où les campus seront autorisés à rouvrir…
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, où un Christian Estrosi clame que le droit à la sécurité doit primer sur tous les autres, le « tout sécuritaire » y est déjà depuis fort longtemps à son aise. Avec des polices municipales pléthoriques, des caméras de vidéosurveillance qui quadrillent les villes, des résidences fermées privatisant l’espace public, des bavures policières parfois sanglantes, nos libertés sont mises à rude épreuve. Dans la région, a contrario, les appels à manifester se multiplient malgré confinement et couvre feu. En Paca, les colères ne sont jamais longtemps confinées.