Une patate de 3 millions
L’affaire fait partie des cadavres laissés par Jean-Claude Gaudin dans les placards de la mairie de Marseille. Michèle Rubirola et sa majorité de gauche, citoyenne et écolo, devraient se retrouver devant le tribunal administratif pour défendre le cadeau d’adieu du patriarche LR aux écoles privées de la seconde ville de France : une augmentation du forfait communal de 881 à 1092 euros sur la période 2020-2022.
Un dossier dont se serait bien passée la nouvelle équipe. Déposé en pleine campagne des municipales, en janvier dernier, au motif d’un manque d’information des conseillers municipaux de l’époque, notamment sur le mode de calcul du forfait, le recours contre la délibération actant l’augmentation de 25 % est porté par des militants pour certains proches du Printemps marseillais (PM). Dont une nouvelle adjointe et un élu de secteur !
Le dossier a tout de la patate chaude. Si l’annulation de la délibération fait miroiter un pactole de 3 millions d’euros, le risque d’un contentieux avec les écoles privées inquiète. Pire. Bien que le programme du PM promette « une subvention au minimum légal » au privé, des membres influents de la majorité ne souhaitent plus remettre en cause le soutien de la ville aux écoles privées.
Le mémoire en défense déposé par la ville, fin octobre, est lui-même ambigu. Il demande le rejet du recours et défend les positions de Gaudin. « Si nous n’avions pas déposé de mémoire, la droite nous serait tombée dessus », justifie-t-on aussi dans les couloirs de la mairie. Où on promet une nouvelle délibération, moins favorable au privé, tout en espérant un abandon de la procédure.
Ce qui n’est pas l’intention des requérants. Ces derniers ont déposé, mi novembre, un mémoire en réponse dans lequel ils pointent une nouvelle fois les curiosités du calcul du forfait et son absence de transparence. « En tant que représentants de la collectivité, ils se doivent de défendre la ville, mais le mémoire n’est pas très habile politiquement, râle Hélène Goldet, une des chevilles ouvrières de la campagne du PM. Je n’arrive pas à comprendre comment la nouvelle majorité peut répéter à l’envie que l’école publique est en très mauvais état mais ne pas dire que les écoles privées doivent faire des sacrifices au nom de la solidarité éducative ! »
En attendant, les grèves des personnels municipaux, incapables d’appliquer les dispositifs sanitaires faute d’effectifs suffisants, pourraient pousser de nouveau Marseillais vers le privé. Et faire exploser un peu plus sa subvention.