Affi-chat-ge de campagne
Trois coups de pinceaux et la voilà placardée. Une affiche violette ornée d’un chaton au regard tendre. Le panneau n°7, c’est celui de Cyril Bret, du Parti animaliste. Et gare à celui qui y touche. Quadragénaire à l’allure sportive, il fait partie desdits « petits candidats » à la députation pour la 4ème circonscription de Marseille. Son parti, nouveau en France et monothématique, défend la cause animale. Vêtu de son T-shirt en coton bio avec le slogan : « les animaux comptent, votre voix aussi », il visite tous les panneaux installés devant les bureaux de vote du secteur. Ce vendredi 9 juin, dernier jour de campagne avant le 1e tour, est aussi le dernier pour s’assurer que son affiche ne soit pas recouverte.
Panique sur les panneaux Depuis le début de sa campagne, Cyril Bret est confronté à la propagande aguerrie de Patrick Mennucci (PS), député sortant candidat à sa réélection, à Solange Biaggi (LR) et à celle Jeanne Marti (extrême droite, FN), omniprésents sur les panneaux électoraux. Le 4 juin, l’affiche du Parti animaliste a disparu sous les leurs. Cyril Bret les interpelle alors sur Facebook. Si le premier n’a pas daigné répondre, ces consoeurs garantissent, elles, un respect accru du panneau n°7. Constat ce vendredi : promesse non tenue ! « C’est un délit de démocratie ! », fustige le candidat animaliste, qui s’empresse de réagir sur les réseaux sociaux.
A chaque candidat son panneau. Telle est la décision, peu respectée, de la « commission de propagande » qui régit la politique d’affichage. Ces élections législatives font des placards un terrain de guérilla du « collage ». Solange Biaggi et Patrick Mennucci occupent tout l’espace, masquant même le très médiatique Jean-Luc Mélenchon, candidat lui aussi dans la 4eme circonscription,et à Corinne Versini, « en Marche » avec Macron. Menacé par le leader « Insoumis » mais aussi distancié dans les sondages par la candidate du nouveau président, Patrick Mennucci tente de conserver sa place dans sa circonscription. Au point d’investir, ce jour là, près de 33 panneaux sur près de 40 face à l’école Alexandre Capello ! Même chose en pleine Canebière. Exit les petits partis. Les divers, de gauche ou de droite, les écologistes, les régionalistes et les extrémistes sont devenus invisibles.
« Voleur d’espace d’affichage électoral réservé à un autre candidat » dénonce un panneau rouge vif sur la tête de Patrick Mennucci, signé « comité de défense de la probité des élections ». De fait, recouvrir des panneaux des autres candidats est une infraction au code électoral, passible de 9 000 euros d’amende. Jeanne Marti pour le FN dénonce « deux rouleaux compresseurs ». Pourtant, elle est elle même surreprésentée à plusieurs endroits : « J’assume totalement que mes militants, de rage et de fatigue à force de se voir recouvrir, puissent recouvrir eux-mêmes. »
Objectif 1 % Issu des Pays-Bas où il compte cinq élus au Parlement, le Parti animaliste est encore méconnu bien que la France soit le 17ème pays à l’accueillir. « On ne veut pas gouverner, avoue modestement Cyril Bret, mais si on fait 1 %, les autres partis devront s’adapter. Ca nous donnera plus de poids et là on fera changer les choses. » Dans la 4° circonscription de Marseille, quelques 300 votes suffiraient au parti pour bénéficier des aides publiques. Parfois moins dans les 147 circonscriptions où il se présente en France, 17 en Paca. Dans la rue, il tracte tout sourire mais sérieux : « Vous ne savez pas pour qui voter dimanche ? Donnez une voix aux animaux. »
Pour tous les partis qui obtiendront au moins 1 % des voix dans 50 circonscriptions, chaque vote rapportera 1,42 euros pendant 5 ans. D’où la multiplication des candidatures : dans la circonscription ils sont 20 à se présenter (contre une moyenne nationale de 14 candidats) ! Mais ce n’est pas toujours facile pour les « petits ». « On n’avait même pas les moyens d’imprimer les professions de foi. Les gens ont reçu dans leur boite aux lettres des enveloppes dans lesquelles nous ne sommes même pas. C’est pour ça que les affiches électorales sont importantes. Pour montrer qu’on est bien là » défend Cyril Bret. Et de pointer du doigt, exaspéré, une nouvelle superposition d’affiches de Patrick Mennucci : « Regardez, il en vient à se coller sur lui-même ! »
Maïlys Belliot
Article mis en ligne le 09/06/2017 Ne manquez pas le numéro spécial « législatives » daté juin du Ravi (chez vous en vous abonnant ou chez les marchands de journaux en Paca)