Espèces de tous les pays, unissez-vous !
La grande prouesse de Baptiste Morizot est d’écrire des essais enthousiasmants sur la crise écologique ! A priori, pourtant, rien de plus anxiogène que les dérèglements climatiques, l’extinction des espèces, l’exploitation destructrice des ressources naturelles. Mais lorsqu’il ne piste pas les loups en Paca ou le grizzly dans le parc de Yellowstone, le maître de conférences en philosophie à l’université Aix-Marseille publie des livres afin de théoriser une nouvelle alliance entre toutes les formes du vivant. Son point de départ, ici, est la création, dans le Vercors notamment, de réserves de forêts afin d’y promouvoir – en excluant la chasse mais aussi toute exploitation des arbres et de la flore – des espaces sauvages « en libre évolution« . L’initiative a fait débat jusque dans les rangs des défenseurs de l’agriculture et de la sylviculture non productivistes. Baptiste Morizot défend la radicalité de « ce levier d’action écologique » tout en récusant les faux dualismes entre culture et nature, sanctuarisation et promotion d’agroécologies responsables, entre l’animal et l’homme. Pour que ce dernier rompe avec son sentiment d’impuissance, il doit se penser comme vivant parmi les vivants. Et comprendre que l’effondrement de son monde n’est pas un incendie qu’il faudrait circonscrire mais un feu s’éteignant qu’il est possible de raviver.
Raviver les braises du vivant, « un front commun« , par Baptiste Morizot, éditions Actes Sud, 208 pages, 20 euros.