La Marseillaise a les boules
A La Provence, on s’interroge. Malgré ses démentis, le PDG, Claude Perrier, ne va-t-il pas rejoindre son ancien patron à Radio France, Jean-Marie Cavada, auprès de Macron ? La Cour de cassation va-t-elle enfin dire si Bernard Tapie doit ou non rembourser les 400 millions d’euros obtenus dans l’affaire Adidas ? Et que va-t-il ressortir du scandale de détournement d’argent public qui secoue l’actionnaire belge Nethys qui devait grimper dans le capital du titre ?
A la Marseillaise aussi, la vie est rythmée par le calendrier politique et judiciaire. Depuis que Pierre Dharréville est candidat aux législatives à Martigues, c’est le « monsieur culture » du PC, Alain Hayot qui préside aux destinées d’un journal placé en redressement fin 2016. Et qui nous a confirmé l’extension de la procédure au Mondial à Pétanque.
Car depuis que Michel Montana (Ni lui ni son entourage ni son conseil, n’ont donné suite à nos sollications), patron de l’événement, a été écarté de la direction de La Marseillaise, le torchon brûle entre le quotidien et une manifestation qui, d’après l’avocat du journal, lui rapportait, bon an mal an, entre 400 et 700 000 euros. Faute de convention signée entre le titre et le Mondial comme l’ont appelé de leurs vœux les syndicats, ce sont les administrateurs qui vont désormais prendre les rênes. Déjà pour y voir clair sur les liens entre le titre et une manifestation lourdement subventionnée, peut-être récupérer quelques fonds (même si en interne, on se montre plutôt pessimiste) et surtout préparer l’édition 2017 qui devrait normalement se dérouler d’ici 4 mois.
Sauf que, côté trésorerie, le titre n’a que 2 mois de visibilité. D’où l’annonce fin février du passage de 3 à 2 éditions et d’un plan social concernant une trentaine de postes dont 25 suppressions (12 à la rédaction et 8 dans les services commerciaux). De quoi faire grincer des dents à la CGT qui, lors du dernier CE, fin mars, a approuvé l’accompagnement social mais s’est abstenue sur le reste : « Il y a 2 ans, on était déjà en redressement et on a subi 97 départs. Là, on reste dans une vision à court terme, celle de la survie, une simple gestion de la décroissance. Si on ne s’inscrit pas en rupture, on se retrouvera d’ici peu immanquablement dans la même situation. » Autant dire qu’avant que le tribunal de commerce ne se prononce, début mai, sur une prolongation ou non de la période d’observation, à La Marseillaise, on a les boules. Dans tous les sens du terme…
Sébastien Boistel
Enquête publiée dans le Ravi n°150, avril 2017.