Le seul vote utile c’est un vote de conviction
Les avancées du Front national sont faites de nos reculs. L’un des bonds en arrière le plus spectaculaire porte un nom très à la mode : « le vote utile ». Face à la poussée de l’extrême droite, il n’y aurait donc rien de mieux à faire, dès le 1er tour d’une élection, que de voter contre ses convictions. Le raisonnement en rappelle un autre : Après chaque attentat, rien ne serait plus urgent que de prolonger l’état d’urgence, de rogner sur les libertés publiques. Comme si promouvoir un Etat policier était le meilleur remède afin de se prémunir des ennemis de la démocratie.
Ainsi renoncer à un vote d’adhésion, s’interdire d’exprimer sa préférence pour tel candidat ou tel projet de société, serait de nature à endiguer la progression du FN, parti qui prospère pourtant grâce au sentiment que les alternances ne donnent lieu à aucune alternative politique. Certes, tout ne se joue pas dans les urnes : on peut même renoncer au droit de vote. Mais si ceux qui s’y rendent encore le font pour aussitôt y abdiquer, les élections ne sont définitivement plus qu’un dérisoire spectacle de pantomime.
Et si nous élisions plutôt Cyrano de Bergerac ? « Que dites-vous, c’est inutile ? Je le sais ! Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès ! (…) C’est bien plus beau lorsque c’est inutile ! (…) N’importe : je me bats ! Je me bats ! Je me bats ! »