Le tout, c’est de coopérer

novembre 2005
Au fait, c'est quoi une coopérative ? Visite guidée d'une SCOP aixoise, une entreprise de géomètres, en compagnie de son président.

Basée à Aix-en-Provence et en Arles, ATGTSM (Association de techniciens, géomètres, topographes du Sud Méditerranée) existe depuis 1986. Cette entreprise de géomètres est certifiée pour sa qualité. Elle trouve ses clients parmi les collectivités locales, le Conseil régional, de grands comptes comme EDF/GDF, la DDE ou des particuliers. Au regard de son activité économique, c’est une entreprise presque commune… Toutefois, le statut de ses vingt salariés n’est pas banal… Et pour cause, leur société est une SCOP (Société coopérative de production). « Cela fonctionne en partie comme une société anonyme, explique Arnaud Colin, président actuel d’ATGTSM et salarié. On est à capital variable. Mais il n’y a pas de revente ou d’échange des actions, sauf lorsque le salarié quitte l’entreprise… »

Le salarié ? C’est bien lui le noyau dur de la SCOP… Pour preuve, l’une des principales caractéristiques d’ATGTSM : « Tous les bénéfices, après réserves légales, sont redistribués aux salariés. » Autre spécificité : les employés peuvent tous être actionnaires, et donc percevoir des dividendes. Néanmoins, précise Arnaud Colin « il faut l’aval du conseil d’administration et avoir un an d’ancienneté. A ma connaissance, cela n’a jamais été refusé à un salarié. » De plus, il faut investir, au minimum, 1000 ?.

« Des salariés sont partis. Ils ne comprenaient pas le fonctionnement… Apparemment, ils avaient besoin d’un patron ! » Arnaud Colin, président de la SCOP ATGTSM

Cela étant, aux dires d’Arnaud Colin, « la motivation des salariés ne vient ni du salaire, ni de l’avancement (…) Peut-être qu’au niveau de la rémunération des cadres, c’est un peu plus faible qu’ailleurs » concède-t-il. Après huit ans d’ancienneté, il estime que « c’est plus la coopération qui est intéressante (…) Dès le départ, je me suis senti plus investi qu’ailleurs. C’est surtout une ambiance. Comme il n’y a pas de patron, chacun est conscient du travail qu’il y a à faire. » D’où sa remarque : « Il y a un risque inverse. Les salariés n’ont plus la pression de la hiérarchie… Mais on se la met tout seul la pression ! D’ailleurs, il y en a certains qu’on doit presque freiner ! (…) Presque tous les salariés sont conscients que c’est leur entreprise. C’est comme s’ils étaient tous de petits patrons. »

Si la structure hiérarchique existe toujours dans cette SCOP, il n’en demeure pas moins que les salariés sont relativement autonomes, comme l’indique Arnaud Colin : « Une fois que l’on a jugé leur capacité dans le travail, on laisse les salariés se débrouiller. On n’est pas tout le temps sur leur dos. » Ce mode de fonctionnement convient-il à tout le monde ? Parfois, certaines personnes préfèreraient une gestion plus traditionnelle de l’entreprise pour laquelle elles travaillent… « Il y a des salariés qui sont partis. Ils ne comprenaient pas le fonctionnement… Apparemment, ils avaient besoin d’un patron méchant qui leur dit tout le temps ce qu’ils doivent faire ! »

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Pourtant, les salariés semblent avoir tout le loisir de comprendre leur rôle stratégique pour l’entreprise, comme en témoigne le fonctionnement de la structure : « Concrètement, explique le président, l’assemblée générale – formée de tous les actionnaires – élit en son sein le conseil d’administration. C’est lui qui est chargé de décider des grandes orientations, des gros investissements et de surveiller la gestion de l’entreprise. C’est aussi lui qui nomme le directeur, lequel est chargé de la gestion quotidienne. » Et pour faire croître leur activité, les SCOP ont un réseau dont se félicite Arnaud Colin : « En faisant partie des SCOP, on peut profiter de certains avantages pour obtenir des prêts, sachant que les anciennes SCOP supportent des taux plus élevés, pour que ces avantages bénéficient aux plus récentes. Tout cela grâce à la BFCC (Banque française du crédit coopératif)… » Comme quoi, l’esprit de coopération se doit d’être le moteur pour créer une SCOP.

Adèle Monlairjih

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