Non mais à l’eau, quoi !
Travailler au Ravi peut faire de vous une primo-délinquante ensauvageonnée, qui mérite toute la rigueur répressive des pouvoirs publics. Séphora, qui s’occupe de la communication et du marketing du mensuel satirique de Paca, en a fait l’expérience. Royalement payée en CDD sur la base du Smic et à temps partiel, elle a l’idée en juillet de mettre un peu de sous de côté avec son copain, en vendant de l’eau fraîche aux randonneurs de la calanque de Port-Pin. À l’entrée d’un sentier, et au seuil de deux à trois heure de marche, aucun snack en vue, et aucun panneau pour rappeler aux promeneurs de prendre le 1,5 litre d’eau minimum par personne préconisé par le parc et les marins-pompiers. Sac contenant 12 litres d’eau congelée sur le dos, Séphora part pour Port-Pin. Sur le chemin et sur place, au bout de deux heures et demie de marche, elle et son copain réalisent chacun 50 € de chiffre d’affaires. La fortune faite, le couple reprend le chemin en sens inverse, direction leur voiture.
« Concurrence déloyale ! »
C’est sans compter les inspecteurs du parc des Calanques. Prévenus par des écogardes qui avaient aperçu le manège des deux criminels, un duo de flics en vert leur tombe dessus sur le chemin du retour. « Vente illégale ! » Les tourtereaux ne le contestent pas. Mais leur commerce a une utilité alors que chaque année, les marins-pompiers réalisent 80 opérations dans les calanques, dont une bonne part pour secourir des randonneurs épuisés et déshydratés. « Concurrence déloyale ! ». Avec qui ? Les supérettes les plus proches sont à plus de 30 minutes de route, que ce soit à pied ou en voiture… Une heure de palabre, vérification du ticket de parking, et les inspecteurs repartent sans laisser au couple de délinquants ne serait-ce qu’un récépissé de PV.
Deux mois plus tard, ils reçoivent une « convocation pour audition dans le cadre d’une enquête judiciaire » pour tout réexpliquer devant les mêmes inspecteurs qui les ont contrôlés. Le tout est ensuite transmis au procureur de la République qui décidera des suites à donner à l’affaire. La loi est dure, mais c’est la loi : la vente à la sauvette est interdite sur tout le territoire municipal de Marseille, et à plus forte raison au cœur du parc national des Calanques, infraction catégorie 21688, petits malins. En 2016*, en « 1 482 journées dédiées à la police de l’environnement », les inspecteurs du parc avaient constaté 189 infractions, dont aucune ne concernait la vente à la sauvette. Voilà qui justifie pleinement de faire un exemple.
*Derniers chiffres disponibles à ce jour