« C’est cool, trop cool »
Rodolphe : « Il y a le cadre de jour, celui qui gère les plannings, les maladies, et les cadres de nuit qui sont presque en production aujourd’hui, qui vérifient la qualité, qui courent après les titres. Et il y a les différents métiers : les copistes, ceux qui avant gravaient, la typo, un boulot particulier, où le mec reste généralement ; ensuite vous avez les rotativistes ; les bobiniers qui alimentent en papier ; les mécanos, de jour et de nuit, et ensuite le routage en bas, qui s’occupe des abonnés. Il ne faut pas oublier qu’une imprimerie, elle ne pourrait pas tourner sans les mecs de jour, avec tout l’entretien et les régleurs. »
Daniel : « C’est une soirée plutôt tranquille le lundi. Plus ou moins. On est dans une période compliquée, après Covid ou en plein dedans. Les étrangers ne veulent plus se faire imprimer et ça nous fait des creux. Il n’y a pas encore de sport. Le turf vient d’être vendu, donc tout ce qui est courtine on n’imprime plus ! Il est 23h et on devrait commencer à taper les anglais. Après, normalement c’est toute une galère pour pouvoir enquiller La Marseillaise et tout le reste. Là, c’est vrai que c’est plutôt cool, trop cool. C’est pas bien du tout. On se retrouve avec des trous, c’est incomplet, dans notre situation on peut pas avoir pire en fait ! Je ris, mais je ris jaune. Parce qu’il y a plein de familles derrière nous. Si on tient le trimestre, c’est bien. Mais ça risque de faire mal… »
Daniel : « J’ai appris sur le tas, un peu comme tout le monde. Il n’y en a pas beaucoup qui sortent de “l’imprimerie”. On commence à la bobine, comme ce collègue qui est là depuis quelques années et qui commence à monter au pupitre. Celui qui veut avancer, il peut avancer. Ça s’apprend, il y a des formations, c’est que de la logique en fait. Mais ça devient dur la presse, il n’y a plus personne qui achète le journal. »
Cédric : « Il y en peut-être encore pour 15 ans. Mais les jeunes, ça m’étonnerait qu’ils arrivent au bout. Maintenant, c’est tout sur le téléphone ou sur les tablettes. Les chiffres de tirage, ils sont bas ! On a un petit espoir pour imprimer des publicités ou des trucs comme ça, comme des catalogues, avec la grande distribution et les grands magasins. Mais bon. Le but, c’est de faire tourner les machines, peu importe ce qu’on imprime. »
Propos recueillis par Christophe Massot et J-F.P.
Christophe Massot réalise sur Radio Grenouille (FM 88.8) la série documentaire « La parole au travail ».