Mascaron
Les architectes distinguent le masque et le mascaron. Le premier est une décoration de bon goût, digne de figurer sur les demeures bourgeoises et les bâtiments prestigieux. Le second, hérité de l’Antiquité, est une bouffonnerie, avec des expressions grotesques, ornant souvent les portes et les fontaines. Sa fonction est clairement identifiée : chasser le mauvais œil. Dans quelle catégorie classer les masques contre la Covid-19, point de convergence de la rentrée sanitaire, scolaire, économique, sociale, culturelle, sportive, politique ?
Il y a peu, au printemps, le gouvernement et les autorités sanitaires nous expliquaient que les masques n’étaient utiles que pour les seuls malades et le personnel soignant. Ils sont désormais présentés comme l’outil indispensable afin d’éviter un rebond du coronavirus. Et les voilà rendus obligatoires dans toutes les entreprises privées, les lieux clos publics, commerciaux ou culturels, mais aussi dans les rues comme à Marseille, Nice ou Toulon…
La peur d’un nouveau confinement généralisé, la volonté de relancer avant tout l’économie, priment. Il faut porter des masques, partout, tout le temps. Et peu importe – ou presque – lequel, comment, à quel prix, selon quel protocole. Des questions pourtant centrales, sans verser dans le délire complotiste, afin de s’assurer de l’efficacité et de l’effectivité des mesures de prévention. Qui reparle par exemple de la nécessité, dans les collèges et les lycées notamment, de changer de masque au moins tous les quatre heures ? Autant de points à débattre. À moins de croire qu’un simple talisman puisse nous protéger des influences maléfiques.