le Ravi de plâtre: Gaby Charroux
A l’époque, Jean-Jacques Urvoas n’était pas encore garde des Sceaux mais plutôt proche de l’Observatoire international des prisons (OIP). A l’époque, ce n’était pas la « gauche » qui croyait résoudre la surpopulation carcérale en multipliant les prisons. Mais, à l’époque, l’OIP s’était fendue d’une campagne choc de don dont le substrat semble malheureusement toujours d’actualité. On y voyait un homme derrière des barreaux avec ce slogan : « Si ça peut vous aider à donner, dites-vous que cet homme est un chien. »
Ce qui nous y fait penser, ce sont les réactions des élus du cru au projet de construction de deux prisons dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Tous s’y opposent. Et pas parce que ce sont d’ardents abolitionnistes. Or, force est de constater que c’est le député-maire communiste de Martigues (13), Gaby Charroux, qui s’est tout particulièrement distingué, en déclarant à La Provence : « Je n’en veux pas ! On n’a pas de terrain. Et puis j’accueille déjà des gens du voyage et des migrants. »
Oh, Gaby ! Certes, il n’est pas seul. Mais il y a derrière cette saillie quelque chose qui sent aussi mauvais que lorsqu’à la veille des municipales, il avait dénoncé le squat par des Roms d’un bâtiment appartenant à l’Etat et assuré aux riverains que ces derniers, en cas de relogement, ne passeraient pas devant les Martégaux.
Pour quelqu’un qui rêvait d’une autre métropole, plus solidaire, et certainement d’un autre monde… Et puis, après tout, les communistes n’ont-ils pas ce point commun avec les prisonniers que de rêver de liberté dans leurs cellules ?
Sébastien Boistel
Ravi de plâtre publiée dans le Ravi n°145, daté novembre 2016