Médecine scolaire : mission impossible !
Contre toute attente, Paca est en passe de devenir un désert médical... Mais c’est du côté de l'école que les effectifs manquent ! Les médecins scolaires tirent la sonnette d'alarme.
C’est la rentrée. Et, dans l’académie d’Aix-Marseille, rien ne va plus pour la médecine scolaire. En septembre, il y aura, faute de recrutements suffisants, 15 postes de médecins vacants. En tout et pour tout, 54 médecins scolaires pour 531 171 élèves. A peine un médecin pour 10 000 élèves ! L’école est bel et bien en train de devenir un désert médical.
Et pourtant, ces médecins du ministère de l’Education nationale sont des médecins de prévention en charge de missions essentielles : dépistage des troubles susceptibles d’entraver les apprentissages, mise en place de projets personnalisés d’accueil pour les enfants porteurs de maladie ou de handicap, visites d’orientation et d’aptitude à l’enseignement professionnel…
Ils reçoivent les enfants scolarisés et leurs familles, permettent la mise en place des suivis médicaux et psychologiques nécessaires et travaillent en collaboration avec les personnels de l’Education nationale et les professionnels extérieurs, libéraux ou d’établissements de soins. Ils contribuent ainsi à la réussite scolaire des élèves.
Comment faire pour remplir cette mission de service public quand les effectifs dont ils ont la charge augmentent d’année en année ? Malheureusement en devant faire des choix : dans les Bouches-du-Rhône, moins de 40 % des enfants de 6 ans ont bénéficié cette année d’un dépistage visuel, auditif et d’une visite médicale.
La politique de revalorisation du ministère de l’Education nationale n’est pas suffisante pour rendre attractive la profession (ce sont les médecins les plus mal payés de la fonction publique) et ne permettra pas d’entraver leur disparition programmée : il ne reste plus que 1000 médecins pour 12 millions d’élèves sur le territoire national. Et d’ici 2019, 42 % seront partis à la retraite.
Les médecins scolaires s’interrogent sur les politiques nationales et académiques, sur la volonté de maintenir un service de qualité dans l’intérêt des élèves et de leurs familles, sur la volonté d’une véritable politique de recrutement des médecins et d’une nécessaire définition d’un travail en collaboration avec les autres personnels de santé de l’Education nationale.
Ils ne veulent pas être acteurs d’une restriction toujours croissante et programmée du service rendu aux élèves. Et ne peuvent se résoudre à accepter l’inacceptable : la perte de chance pour les élèves et l’abandon de cette médecine de prévention voulue pour tous. La prévention des difficultés le plus précocement possible et la réussite scolaire sont pourtant des éléments indispensables de l’épanouissement des individus et conditionnent leur vie future.
Ils souhaitent donc que leurs préoccupations de maintenir à un bon niveau ce service médical à l’intention des élèves soient entendues et ne peuvent imaginer que les choix qui leur sont demandés ne soient que de leur responsabilité.
Si « le service public est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas », la médecine scolaire doit rester un service public pour tous, d’autant que les budgets nécessaires sont disponibles.
Tribune libre publiée dans le Ravi n°143, daté septembre 2016