Je suis
Je suis Nice. Je suis les 86 morts, athées, catholiques, juifs ou musulmans, fauchés par le camion d’un kamikaze pétri de haine et de violence. Je suis les 13 enfants massacrés un soir d’été après un feu d’artifice du 14 juillet. Je suis ces musulmans insultés pour avoir voulu se recueillir sur la Promenade des Anglais endeuillée. Je suis Al-Toukhar. Je suis ce village syrien où 56 civils sont morts, fin juillet, sous les bombes de la coalition internationale menée par les Etats-Unis avec l’armée française. Je suis les 11 enfants tués dans leur sommeil par une frappe en rien « chirurgicale ». Je suis Saint-Etienne-du-Rouvray. Je suis ce curé, partisan fraternel d’un dialogue œcuménique, égorgé dans son église. Je suis l’imam effondré par la mort du vieux prêtre, son voisin et ami.
Je suis blessé par ceux qui font leur miel de cette comptabilité macabre. Je suis touché par les peurs qui enferment et excluent. Je suis meurtri par le racisme qui s’exprime à voix haute. Mais je suis en guerre contre les logiques sécuritaires et militaires, impuissantes et stériles. Mais je suis armé contre le cynisme politique qui nourrit l’incendie et désespère de tout changement. Mais je suis en lutte contre l’injustice sociale, terreau des violences passées et à venir. Mais je suis au côté de l’armée d’éducateurs, de soignants, de paysans, de bâtisseurs, de militants, d’artistes, d’inventeurs, d’utopistes, qu’il faut lever pour construire un autre monde. Je suis debout.