Serge à la suédoise
En 1977, le groupe ABBA chante l’amour pour le monde entier. Quatre saucisses habillées en stewards et hôtesses de l’air puis trempées dans une piscine de décorations de Noël sont à la tête d’une multinationale de la disco. Ils se trémoussent dans de dégoulinants scopitones où peu de choses sont mises en question. Les femmes sont à leur place, sexy et souriantes, les hommes ont l’air occupés et magnétiques. Et Serge Dassault dit que cela est bon.
En 1977, ABBA chante « monnaie, monnaie, monnaie, c’est toujours rigolo, au pays des riches ». Et Serge Dassault n’est pas d’accord avec ça car il est fort riche mais il perd constamment les élections contre des communistes. Il ne trouve pas ça rigolo de perdre contre des communistes. En fait pas grand-chose ne fait rire ce quinquagénaire qui raye tous les parquets de son hôtel particulier avec ses grandes dents de devant. « Mais comment donc fait-on, monsieur Papa, pour accroître son pouvoir ? » demande-t-il un jour. « Achète les médias, fils, et tu tireras toutes les ficelles », répond son père du haut de ses montagnes d’or tâchées de sang.
En 1977, je viens au monde. Je ne sais pas encore pour les marchands de canons, les planchers rayés et la soupe suédoise. Mais au fond de moi, je sais qu’une mission importante m’est échue sur cette terre. Et voilà que je viens d’accomplir cette mission : vous livrer une recette du mois à base d’a(b)bats, et dédicacée à S. D.