Culture en crise… identitaire
Déconfiture
Quand on n’en a pas, on l’étale souvent. Et si tous nos élus tartinent, à longueur de discours, leur amour des artistes, des festivals et des beaux arts, cela cache mal que la culture est en pleine déconfiture. Pourtant, Paca a échappé au pire. Il avait un visage : celui de Marion Maréchal (nous voilà) Le Pen, jeune prétendante à la présidence de la Région et aux idées aussi vieilles que l’extrême droite. La petite dernière du clan Le Pen et ses amis avaient exprimé leur aversion pour les « cultureux », suspectés d’être tous de libre penseurs cosmopolites, des bobos droit-de-l’hommistes, des pornographes aux mœurs suspectes.
Chistian Estrosi a été élu pour faire barrage au FN. De fait, il a sanctuarisé le budget de la culture comme il l’avait promis. Il vient de mettre en place « une conférence régionale permanente des arts et de la culture », dans laquelle siègeront les directeurs de nombreuses grosses structures culturelles qui l’avaient soutenu. Seulement il y a un mais.
A l’image d’un Nicolas Sarkozy agitant l’étendard de « l’identité culturelle française », Estrosi s’est aussi choisi comme conseillère Mandy Graillon, reine d’Arles incarnant jusqu’à la caricature une vision surannée et folklorique de la culture. Le président LR de la Région, comme le gouvernement PS et la plupart des élus, aime surtout les artistes quand ils se font agents touristiques en prouvant la rentabilité de leurs activités pour « l’attractivité » des territoires. Car ce qui est à la mode c’est la « plus value culturelle » dont il est question dans le « Forum d’Avignon », le Davos des opérateurs de l’économie créative… Les cinq premiers thèmes choisis par Estrosi pour sa conférence permanente des arts et de la culture abondent dans le même sens : « innovation des industries culturelles, mécénat, identité régionale… »
Et pendant ce temps, les assauts contre le statut des intermittents se poursuivent, les moyens pour les petites compagnies, s’amoindrissent, la région réduit drastiquement son soutien à l’économie solidaire, à l’éducation populaire… Au point, qu’un jour, nous n’entendrons même plus le mot culture ?
Michel Gairaud
Au sommaire de l’enquête « Culture en crise… identitaire », publiée dans le Ravi n°142, daté juillet-août 2016) Actuellement chez les marchands de journaux en Paca : p. 8 « Entre bling bling et débrouille », le paysage culturel en Paca p. 9 Graillon de culture p. 10 A Marseille, la culture du tourisme p. 10 « Un bien collectif » ITW d’Alexia Vidal (Collectif des intermittents et précaires / Avignon) p. 11 « Cinéma à Marseille : l’art du décès » p. 11 Strip de Yakana : « 3 plans cul(ture) avec Du Bellay » p. 12 « La maire d’Avignon fait son festival » p.12 « Continuons le débat ! », Tribune par Benjamin Dubreuil et Vincent Clavaud des Céméas (éducation populaire)