Comme à la maison !
Il est 19h30, face à l’embarcadère Corsica Ferries de Toulon. Dorian, Mouss, Christine, Mélanie et les autres bénévoles de l’association « Sans toit et si c’était toi », tout juste revenus de maraudes, s’affairent déjà autour du food truck noir et rose pour donner un coup de main. Cet ancien camion pizza acquis il y a peu grâce aux dons a été transformé en une vraie cuisine mobile, décorée avec soin « comme à la maison ! ». C’est d’ailleurs écrit en gros sur la devanture du camion et c’est surtout ce à quoi Myriam Picardel, fondatrice et présidente de l’association s’attache à rendre possible. Une phrase banale mais qui prend tout son sens lorsqu’elle s’adresse à ceux qui n’ont plus rien.
Comme tous les mardis soirs, la fine équipe installe les tables, avec des nappes, des bougies, de vraies assiettes et de vrais couverts. L’association récupère des kilos d’invendus chaque semaine auprès de grandes surfaces de l’aire toulonnaise. Les boulangeries aussi participent, sans oublier Jésus, pizzaiolo de Pont du Las, qui multiplie les Régina pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer jusqu’au food truck. Ce soir au menu, sauté de bœuf avec des pâtes. « J’ai envie qu’ils prennent du plaisir en mangeant », note Myriam qui avant de devenir agent de sécurité a passé dix ans derrière les fourneaux. Si l’association s’adresse en priorité aux sans-abri, nombreux sont les précaires qui s’attablent. « Je pars du principe que si l’on vient vers nous c’est qu’on en a besoin, note Myriam. Pour moi on ne vient pas manger dans la rue sur un banc si on est bien chez soi. »
L’association fonctionne sans aucune aide publique, un gage d’indépendance pour Myriam. Du coup pour s’autofinancer, le mardi midi, l’équipe gare sa cuisine mobile sur les parkings d’entreprises varoises et propose un menu payant à des salariés soucieux de bien manger de façon solidaire et éco responsable. Lors du rendez-vous de mardi soir, ça rit, ça taquine, ça discute. « C’est beau ce qu’ils font parce qu’il y a de l’humain là-dedans. Ils prennent le temps. Avec eux on se sent respecté. Et quand on est à la rue c’est important le respect », explique Patrick. Après des années dehors, il vit depuis peu en appartement et cherche activement un travail dans la restauration. « Sur le terrain ce qui manquait vraiment c’est le rapport humain, les petites attentions, la considération, conclut Myriam. Pour moi la réinsertion elle passe par là. Quelqu’un qui se sent considéré aura plus de force pour rebondir. »
Samantha Rouchard
Contact : www.sanstoit-etsicetait-toi.com