A Marseille, la drôle de campagne
« On n’a pas tout laissé tomber, mais c’est difficile de se projeter quand on n’a pas de date. » Un mois après le rocambolesque premier tour des municipales, Bruno Gilles, candidat de droite dissident à la succession de Jean-Claude Gaudin, avoue volontiers vivre un curieux moment électoral. Le sénateur se projette d’ailleurs déjà sur une nouvelle élection, à plus d’un titre : un nouveau scrutin, une gauche plus unie, l’opportunité (ou pas) de rebattre les cartes avec Martine Vassal, la candidate LR. Autre interrogation : « Est-ce qu’Yvon Berland sera toujours le candidat LREM ? » Ses 7,9% du 15 mars ne sont effectivement pas une promesse de victoire…
Du côté du Printemps Marseillais (liste rassemblant des partis de gauche, des écologistes et des citoyens, PM), grand vainqueur du premier tour, on reste par contre très actifs. Avec le 21 juin en ligne de mire, en attendant les annonces gouvernementales, le 23 mai. « Sur mon secteur, mon souci est de garder le lien avec mes candidats et mes militants, explique Sophie Camard, tête de liste dans le « 1/7 ». Au niveau du PM, on communique sur la situation sanitaire : on met la pression sur la mairie, on relaie les sollicitations, les actions de solidarité et nos propositions ». Des discussions stratégiques sur le second tour ont également repris, avec une réflexion sur le désistement dans le « 13/14 ». « La droite travaille aussi, elle a récupéré les cahiers d’émargement », justifie l’Insoumise.
Tambouille électorale
Maire LR des « 9/10 », Lionel Royer-Perreaut assure au contraire être totalement accaparé par sa mairie. « Dans ma liste, notre principal sujet de discussion c’est la cuisine. Si on ne gagne pas, on pourra se présenter à « Top Chef » ! ». Plus sérieux : « Certains candidats, comme moi, sont tombés malades et ça a primé sur tout. Depuis, il n’y a pas eu d’échanges politiques, ni même d’analyse commune des résultats sur la ville, comme c’est la tradition. » Par contre, Martine Vassal continue d’être très active sur ses réseaux sociaux personnels au sujet de son action de présidente du Département et de la métropole…
Une boulimie qui ne défrise plus le candidat RN, Stéphane Ravier. Depuis le confinement, le parlementaire a retrouvé ses activités de sénateur sans abandonner ses marottes, l’immigration et l’islam. « On s’appelle pour prendre des nouvelles, mais personne ne fait plus rien sur les municipales », assure son ancien attaché parlementaire, Antoine Baudino. La mairie des « 13/14 », conquise par le « lepéniste » historique en 2014, est par contre très centrale : « Elle permet d’être en contact avec la population et sert pour nos initiatives locales : le centre de dépistage, les tournées pizza auprès des soignants, les colis alimentaires pour les plus démunis, le phoning auprès des personnes âgées du secteur. » Un bon investissement électoral.