Mais où crèche le Ravier ?
Stéphane Ravier, le sénateur-maire FN des quartiers nord marseillais, se spécialise dans la fermeture des lieux culturels. La fermeté, c’est aussi celle du frontiste à l’égard du logement social. En février, il ne savait où donner du tweet : « Je ne souhaite pas que Marseille devienne un immense logement social. » ; « ce sont les quartiers nord qui sont touchés par la déferlante des logements sociaux. Chacun en a assez ! »
De fait, Ravier est tiraillé à l’égard de ces « quartiers nord » dont il serait, répète-t-il à l’envi, « un enfant ». Il a peu goûté quand Jean-Marie Le Pen himself a mis en doute ses origines. Et quand on l’interroge, il déroule un parcours résidentiel sans « tâche », où il met en avant « la Maurelette », « Montleric », une « résidence populaire située dans le 15e »…
Reste que, lors de sa cérémonie des « Phocéens d’or », on l’a senti plus « noyau villageois » que barres HLM. Et il ne fait pas mystère qu’il aimerait bien déménager… sur le Vieux-Port, se préparant déjà pour les municipales de 2020 et affichant sa trogne sur la Corniche où, jadis, s’exposait la frimousse de Zidane.
Le frontiste a la bougeotte. Et pas seulement parce qu’il se verrait bien dans les bagages de Marion Maréchal (nous voilà)- Le Pen pour aller en Syrie dire tout le bien qu’il pense de Bachar Al-Assad. Il se partage entre Marseille et Paris, mandat de sénateur et responsabilités au FN obligent. Son regard a pétillé quand l’un de nos confrères lui a expliqué qu’en tant que sénateur, il peut se payer à moindre frais un pied-à-terre sous couvert de se doter d’une permanence.
Ce qu’il met moins en avant, c’est sa « mobilité » résidentielle. Car si certains assurent mordicus qu’ils l’auraient vu crécher du côté d’Allauch (13), en consultant les listes électorales, on se rend compte que « l’enfant des quartiers nord », un an avant son élection à la mairie de secteur, n’y habitait pas !
A en croire les listes électorales, en 2013, il était encore domicilié dans le 4ème, pas très loin du parc Longchamp. De fait, comme il l’avoue, si, en 1993, il « retrouve la ville de la Bonne Mère », c’est pour s’installer « boulevard Camille Flammarion ». On est loin des quartiers nord. En face de sa résidence, il y a même un salon de coiffure « Sud Marina » et une « boucherie Stéphane ». Ça ne s’invente pas !
En 2014, alors qu’il affirme habiter dans les hauteurs du 14ème en se voyant « propriétaire dans vingt ans » quand il aura « remboursé son crédit » (1), il est, d’après les listes électorales, domicilié avenue du Merlan dans une… résidence étudiante ! Une voisine nous dit en avoir entendu parler sans jamais l’avoir croisé : « De toute manière, dans cet immeuble, personne ne se dit bonjour. Et puis, ce n’est pas vraiment une résidence étudiante. Ici, on trouve des familles qui vivent à 4 ou 5 dans 20m2 ! »
Depuis, il habiterait dans une zone pavillonnaire dans le 13ème. De ça, Ravier ne veut pas en parler, nous expédiant d’un « la suite, vous la connaissez ». Comme disait Bedos, « être prêt à mourir pour le peuple, ça ne signifie pas qu’on est prêt à vivre avec »…
Sébastien Boistel
1. le Ravi crèche à l’hôtel (de ville), le Ravi n°116.