Eloge de la flûte
« Quand la démocratie gagne », clame le bandeau promotionnel du livre de Maud Dugrand sur Saillans, « une expérience de démocratie participative » décrite comme une « petite République ». On s’attendait à une lecture sinon réjouissante du moins pertinente sur ce village dont la démarche participative de l’exercice du pouvoir a été si souvent caricaturée. D’autant qu’on a longtemps côtoyé l’association Arènes qui est intervenue à Saillans pour, justement, encourager la participation des « anciens ». Las, si le livre n’élude pas les difficultés, il les survole et prend trop souvent les allures d’une carte postale écrite à la première personne avec un problème évident de distance et une posture à la limite du Candide. Il faut dire que notre consœur, qui prête pourtant sa plume à Siné Mensuel et dont le père fut des débuts de Libération tandis que sa cousine œuvre à Libertalia, a quitté la région parisienne pour s’installer juste à côte de Saillans. Et ça n’est qu’à la faveur d’un entretien avec une sociologue que l’on saisit la complexité d’un village où, loin des clichés, l’injonction participative se révèle aussi problématique que la confiscation du pouvoir. D’ailleurs, bien des historiques de l’équipe municipale sortante ne rempileront pas tandis qu’une liste d’opposition se présente. Mais après tout, n’est-ce pas ce qui se passe « quand la démocratie gagne » ?
La petite République de Saillans, de Maud Dugrand, éditions la Brune au Rouergue, 153 pages, 17 euros.