Le désœuvrement vous guette ? Faites comme Pierrick, occupez-vous les mains et l'esprit en faisant valser les nouilles de riz !
Tous les jours de confinement, le Ravi puise dans ses archives une recette "cuisiner, c'est déjà résister !" signée par Pierrick de Salvert, comédien et cuisinier, ou Sylvain Musseri, le paysan semencier pas pareil.
Seul parmi la foule, je ne connais personne. Je suis arrivé à cette soirée comme poussé sans envie vers un contact humain. Je n’ai pas assez de jus pour donner le meilleur de moi-même, et chaque tentative pour rencontrer quelqu’un avorte comme les bulles du chewing-gum d’un ado boutonneux et inexpérimenté.
Réfugié dans un coin de la pièce j’essaie d’adopter le masque du mec super cool qui n’a pas spécialement l’intention que tu viennes lui parler. Je me prépare intérieurement à annoncer que je vais me barrer. Dans la cuisine quelqu’un s’affaire. Je m’approche pour dire au revoir. Je comprends que je peux être utile. Je pose mon manteau. Je me mets à couper des légumes. Après quelques minutes la cuisine bat son plein.
Nous parlons peu. Nous sommes efficaces. Les assiettes sortent de la cuisine deux par deux, espacées de quelques minutes. Les premiers se régalent et les suivants ne peuvent attendre. La température monte au fur et à mesure que les tournées de wok se succèdent. Pleuvent les cébettes, la menthe et la coriandre. S’envolent les nouilles dans une fumée asphyxiante et enthousiaste.
La cuisine fait partie de ces activités qui m’apaisent, me permettent de me sentir utile sans volontarisme, sans forcer, sans me poser de questions. Ce soir-là, les nouilles de riz valsaient au clair de lune de mon envie d’aller vers l’autre, alors voilà pour vous le pad Thaï.
Pad Thaï Poulet
Il vous faut, pour 12 personnes :
– un wok et une bonne flamme ou une poêle en bon état et la plus grosse flamme que vous avez.
– 6 blancs de poulet ou un poulet rôti
– 6 œufs
– 600 g de nouilles de riz thaï (type tagliatelles)
– 8 cébettes
– 6 échalotes
– 2 carottes
– un peu de menthe et de coriandre fraîche
– cacahuètes grillées
– 9 cuillères à soupe de sauce de soja sucrée (ou sauce de soja light plus sucre)
– 100 g de germes de soja
– huile de tournesol
Faire tremper les nouilles une heure dans l’eau froide.
Pendant ce temps, détailler le poulet en petits morceaux, les carottes en très fins bâtonnets, les cébettes en fines lanières de deux centimètres de long et les échalotes en tout petit. Concasser les cacahuètes. Ciseler les fines herbes.
S’il reste du temps, lire King Kong Théorie de Virginie Despentes pour résister bellement à ce monde de dingos.
Faire chauffer le wok et y faire dorer le poulet dans un peu d’huile. Réserver.
A moins de disposer d’un wok d’un mètre de diamètre et d’un bon feu de bois, s’abstenir de faire les pad thaï d’un coup et faire des tournées de deux personnes : les lignes qui suivent sont donc pour une tournée de wok de deux assiettes qui utilise un sixième des ingrédients.
Faire chauffer le wok, y verser deux cuillers à soupe d’huile, les échalotes, et deux cuillers à soupe de sauce de soja sucrée. Faire caraméliser un peu à feu moyen puis monter le feu et ajouter un sixième des nouilles, faire sauter littéralement pendant 3 minutes sur feu fort.
Ajouter un œuf au milieu, rabattre les nouilles par-dessus et ajouter un œuf de plus. On crève le jaune sans trop le mélanger. Ajouter le poulet. Les œufs doivent être brouillés et mi-cuits.
On peut ajouter quelques cuillers à soupe d’eau froide pour arrêter la cuisson. Éteindre le feu.
Ajouter cébettes, cacahuètes, et herbettes. Dresser sur deux assiettes avec les fines carottes en salade juste salée.
Renouveler l’opération jusqu’à épuisement des ingrédients et rassasiement des convives.