Nous sommes tous binationaux !
L’inscription de la déchéance de nationalité dans la constitution qui, de fait et de droit, ne devrait concerner que les français binationaux ? C’est une adresse « aux obsédés de la différence, aux maniaques de l’exclusion, aux obnubilés de l’expulsion (…), aux paranoïaques et conspirationnistes ». Le propos est de Christiane Taubira, il y a encore peu ministre de la justice, dans « Murmures à la jeunesse », l’essai qu’elle vient de publier après sa démission « suite à un désaccord politique majeur ».
François Hollande fait de cette réforme constitutionnelle une arme pour compléter sa panoplie de chef de guerre d’une France artificiellement maintenue en état d’urgence. Débordant la droite sur son extrême droite, pour laquelle la déchéance de nationalité est une revendication historique déjà mise en œuvre par le maréchal Pétain, il compte ainsi neutraliser ses adversaires « Républicains » et faire preuve de fermeté pour reconquérir une opinion publique séduite par les démagogues xénophobes.
Roi de la synthèse manœuvrière, il est sur le point de faire taire la fronde des élus et des militants socialistes en présentant un texte, d’aucune utilité pour combattre le terrorisme, où il n’est plus question explicitement des binationaux alors que toujours eux seuls seront visés par la loi d’application. En attendant, loin de cette tambouille politique, trois millions de français binationaux se sentent à juste titre stigmatisés. Ils sont nombreux en Paca. Disons le haut et fort : ils ne sont pas un problème mais une richesse pour notre région.
Michel Gairaud