La culture sous le FN ? C’est invivable !
Le Front National se dédiabolise. Pourtant, derrière une façade plus lisse, populisme, censure et pensée ultra-rétrograde ne sont jamais loin comme en témoignent les récentes sorties de Marion Maréchal (nous voilà)-Le Pen et de Stéphane Ravier sur l’art contemporain « bobo » ou « pédophile ». Venus de Fréjus, Cogolin, Beaucaire, ou des quartiers Nord marseillais, des citoyens mobilisés dans les villes gérées par l’extrême droite ont témoigné, le 23 novembre, du rapport particulier des élus FN avec la culture sur le plateau de TV3ème. Une initiative des Têtes de l’art, association de médiation culturelle, sous la forme d’une table ronde que le Ravi a animé.
« Sur 15 artistes, 11 sont partis, les 4 restants étant pro-FN. » Marie-José De Azevedo connaît bien son sujet : elle a été institutrice du plus jeune maire frontiste de France, David Rachline ! Aujourd’hui animatrice du Forum républicain, elle ne cache pas la détresse culturelle de Fréjus (83). Le nouvel édile est très tôt rentré en conflit ouvert avec les artistes de La Strada, qualifiés de « parasites » et invités à intervenir gratuitement dans les écoles. Ce à quoi la plupart des intéressés ont répondu par un aller simple pour Saint-Raphaël. Laure Cordelet, du Rassemblement citoyen de Beaucaire (30), conte le cuisant échec vécu par le maire FN, Julien Sanchez, qui, pensant amadouer les jeunes, a invité le DJ et ancien de la Star Ac’, Quentin Mosimann, à jouer dans les Arènes : « Moins de 350 personnes étaient présentes pour un budget de plusieurs dizaines de milliers d’euros. »
A Cogolin (83), Marc-Etienne Lansade, qui a instauré une « fête du Coq » et se pose comme un « défenseur de l’identité provençale chrétienne », aime le rock mais pas les danses orientales rappelle Francis José-Maria de l’association Place Publique : « le FN avance désormais masqué mais ses élus sont tiraillés par l’être et le paraître. Leur fond idéologique identitaire et xénophobe est inchangé ! » Ahmed Manessour, du CLCV Font-Vert, délégué de parents d’élèves, décrit la grande difficulté des acteurs associatifs « à faire avec » une municipalité de secteur frontiste, hostile et fuyante…
René Agarrat, créateur du festival du Charlie jazz festival, de l’association L’arbre à Palabres, témoigne sur comment Vitrolles (13), durant six ans, est devenue le laboratoire municipal de l’extrême droite, rappelant la censure implacable qui s’était abattue sur la bibliothèque municipale. Il revient aussi sur les causes profondes de la victoire des Mégret : « l’exemple n’a servi à rien, les plaies sont toujours ouvertes, les mêmes erreurs sont encore commises. »
C’est Imhotep, l’architecte musical d’IAM, mais aussi « artiste vivant dans le 13ème arrondissement marseillais », dont le maire est désormais le frontiste Stéphane Ravier, qui conclut le tour de table en s’interrogeant lui aussi sur les causes de l’enracinement de l’extrême droite : « Questionnons nous aussi sur comment les forces réactionnaires, à droite et à l’extrême droite, font la promotion de « cultures mortes », pour contrer « les cultures vivantes » ! » A Aubagne, surenchérit un intervenant lors des échanges avec la salle, c’est bien un maire Les républicain, Gérard Gazay, qui a annulé le festival Art Singulier au motif d’une exposition jugée « pornographique »…
Corentin Mançois
Pour visionner l’intégralité de la table ronde et des échanges qui ont suivi, c’est par ici