Haut, bas et ventre mou
C’est avec celle d’Arles une des plus belles gamelles de cette 5ème édition du palmarès des villes à fuir de Paca. Entre 2014 et 2020, Toulon a gagné pas moins de 24 places, passant d’une envieuse 31ème place à une beaucoup moins recherchée 7ème.
A la décharge d’Hubert Falco, le maire LR depuis 2001, nos nouveaux indicateurs ont été particulièrement défavorables à la métropole varoise. Exemples : l’absence de conseil municipal jeune et la faible part des diplômés dans les jeunes actifs (35,8 %, 11ème rang), plutôt un profil de ville moyenne. Ou encore le taux très élevé de mortalité prématuré, qui évalue notamment les comportements (alcool, tabac, accidents, suicides, etc.) et les expositions professionnelles à risque. Avec une très belle 6ème place, il donne plutôt envie de fuir le port militaire, qui n’est devancé que par Avignon (3ème) parmi les métropoles de la région.
Ce podium est d’ailleurs un des rares faux pas de la cité des papes, avec sa première place en inégalité de salaires (indice Gini), où elle devance Marseille et Cannes. 36ème au général, la ville dirigée par la socialiste Cécile Helle depuis 2014 gagne même une place par rapport au précédent palmarès et intègre le club très fermé des villes les moins à fuir de Paca. Un top cinq dans lequel on retrouve également Aix-en-Provence (3ème), de la LR et inénarrable Maryse Joissains. Deux surprises que l’on peut mettre autant au crédit de notre nouvelle variable sur la parité que du dynamise culturel des deux villes et de particularismes locaux : Aix-en-Provence cartonne en « Liberté » (39ème) et « Égalité » (38ème), Avignon en « Fraternité » (39ème).
Tout l’inverse des deux principales villes de la région, dont la principale caractéristique est de jouer avec les extrêmes, la principale singularité des métropoles en général : elles sont soit fortes, soit mauvaises. Ce qui rend compliqué la comparaison avec des villes moyennes, même lorsqu’elles sont plutôt à la peine, comme en Paca. Ainsi, si Marseille et Nice squattent les deux dernières places en « Joie de vivre », elles sont particulièrement mal placées en « Egalité » (respectivement 3ème et 6ème). Une tendance que l’on retrouve également à l’intérieure des catégories. Exemple : la 23ème place de Nice en « Liberté » s’explique notamment par sa 39ème place en « Caméras de vidéosurveillance » et sa 8ème place en « Diplômés dans les jeunes actifs ».
Rien de surprenant, donc, à retrouver les deux grandes métropoles dans le ventre mou du classement. Ce que confortent d’ailleurs leurs résultats plus que moyens : Marseille est 26ème au général, comme en « Fraternité », et se place au 22ème rang en « Liberté » et « Choucroute » ; 18ème du classement, Nice est 23ème en « Liberté », 24ème en « Fraternité » et 12ème en « Choucroute ». In fine, en six ans Marseille et Nice ont renforcé leur médiocrité : en 2014, la première était 22ème et la seconde 14ème.
Le résultat est sans appel : habiter une métropole se paie. Si on peut y trouver de nombreux avantages – des équipements culturels foisonnants, des transports en commun performants (si, si…), trouver une fac ou un bon hôpital sans avoir besoin de faire 200 km -, il faut par contre pouvoir en supporter les inconvénients. Le coût de l’immobilier est parfois exorbitant, les déplacements sont longs et compliqués, la pollution et les inégalités criantes entre quartiers chics et ghettos de pauvres.
Ceci explique finalement pourquoi les petites villes de la région, particulièrement les basses et hautes-alpines, tirent leur épingle du jeu. Elles offrent ce que leurs grandes sœurs n’ont plus : un très bon niveau d’équipements publics et de services aux habitants, une mixité sociale mieux ancrée dans le territoire et un bilan carbone favorable. Vive la gadoue ?