Nexcis : « EDF m’a tué »
Ils ont choisi le « Che » comme symbole de leur combat. Les 77 employés de l’entreprise Nexcis, à Rousset (13), ont reçu la visite, jeudi 3 septembre après-midi, de Jean-Luc Mélenchon. De paroles de salariés, la venue du député européen est un « joli coup de projecteur » sur la situation de la filiale d’EDF, spécialisée dans le développement de panneaux photovoltaïques innovants. Malgré 17 brevets exclusifs déposés, le site est menacé de fermeture le 30 septembre prochain.
En attendant la date butoir, la direction de Nexcis se réunira le 7 septembre afin de donner un avis sur le plan de reprise échafaudé par les salariés. Elle donnera son aval ou non pour la cession à l’euro symbolique des bâtiments, équipements et brevets sur une durée de trois ans.
Depuis sa création en 2009, Nexcis développe des couches photovoltaïques très fines qui s’intègrent au double vitrage. Ce procédé, dénommé BIPV (Building integrated photovoltaïc), permet de produire de l’électricité et de moduler la quantité de lumière filtrée par les vitres. Grâce à cette technologie, maisons comme immeubles pourraient assurer leur indépendance énergétique. Le projet de reprise prévoit un partenariat avec Crosslux. Cette société qui conçoit et fabrique du vitrage photovoltaïque est moins avancée – technologiquement parlant – que Nexcis. L’objectif immédiat serait d’intégrer la production industrielle future de Nexcis (possible dès l’automne 2015) aux marchés déjà développés par Crosslux. « A terme, le savoir-faire issu des deux sociétés pourrait fusionner », précise Stéphan Dainotti, secrétaire général CGT de Nexcis.
Seulement voilà, pour faire son entrée sur un marché vierge, Nexcis a besoin de 25 millions d’euros. Ou plutôt 15 millions, si on soustrait les fonds que certaines banques sont d’ores et déjà prêtes à verser. « Les collectivités doivent maintenant mettre la main à la poche », martèle la CGT. De son côté, Jean-Luc Mélenchon a profité de sa visite pour interpeller le gouvernement : « L’attitude de l’Etat est inacceptable. Deux milliards d’euros ont été donnés à l’industrie nucléaire pour soutenir Areva, et le gouvernement rechigne à verser une broutille pour empêcher la fermeture de ce qui représente l’avenir technologique de la France, en matière de transition énergétique. »
Avant la visite de Jean-Luc Mélenchon, les salariés de Nexcis ont reçu le soutien d’autres politiques : les responsables locaux du Front de gauche (Jean-Marc Coppola, Gérad Piel, Luc Léandri) ou d’EELV (Sophie Camard, Annick Delhaye, Hervé Guerrera, François-Michel Lambert), ou du PS (Jean-David Ciot) mais aussi Michèle Rivasi (député européenne EELV), Maryse Joissains, maire LR d’Aix-en-Provence. Nicolas Hulot vient également de s’engager à leur côté. La mobilisation de tous les salariés a déjà permis de retarder de deux mois la fermeture du site, prévue le 31 juillet dernier. « Je suis confiante en l’avenir, de plus en plus de monde s’intéresse à notre cas et EDF ne pourra plus camper longtemps sur ses positions absurdes », confie Louise Cazilhac, technicienne chimiste à Nexcis depuis 2012.
Au-delà de la venue de Jean-Luc Mélenchon, c’est l’incompréhension qui régnait (encore) dans la foule hier après-midi. Quand EDF avait pris la décision de fermer Nexcis le 2 mars dernier, l’entreprise n’était qu’à quelques mois du lancement de la production. Des années de recherches avortées.
Si aucun accord n’est trouvé avant le 30 septembre, les salariés de Nexcis se disent prêts à défendre leur outil industriel et à « camper ici jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée ».
Sylvain Labaune