« Gaudin, c’est le triomphe du defferrisme ! »
La référence revient inévitablement. Et lui même la cultive. Elu pour la première fois en 1965 au conseil municipal dans la majorité de Gaston Defferre, Jean-Claude Gaudin n’a eu de cesse de marcher dans les pas de son père. En s’en tenant officiellement à l’image de maire de tous les Marseillais. « Gaudin n’a pas les mêmes méthodes. Il ne pratique pas le clientélisme, la violence, l’autorité brutale », tranche Jean-Pierre Chanal, un fidèle du premier cercle. Au risque de s’arranger avec l’histoire…
Car Gaudin a bien construit son pouvoir et sa longévité sur le modèle de son mentor. « Gaudin, c’est le triomphe du defferrisme ! », assène Cesare Mattina, sociologue du politique et de l’action publique qui travaille sur le clientélisme et la gouvernance à Marseille. « Il y a une très forte continuité entre Gaudin et Defferre, poursuit le chercheur. Leurs fiefs électoraux sont par exemple les mêmes : les quartiers sud, d’où viennent les étoiles montantes de l’UMP (Tian, Moraine, Vassal), le 4/5, le 1/7 et les quartiers est. »
Gaudin, comme Defferre, s’appuie sur les mairies d’arrondissement, des alliances qui penchent plutôt à droite de la droite, et sur les classes moyennes (professions libérales, commerçants et artisans, employés de la fonction publique). Une base électorale qu’il faut dorloter pour se faire réélire. « Gaudin n’est pas un corrupteur, mais il est le chef du clientélisme à Marseille depuis que le PS n’a plus de moyens », juge Michel Samson, ancien correspondant du Monde.
Précision de Cesare Mattina : « Gaudin est plus dans la reconnaissance symbolique des corps sociaux que Defferre, qui allait plus loin dans la distribution des ressources parce que lui même était un grand patron. » L’ancien maire de Marseille a aussi profité à plein de l’âge d’or de la construction des logements sociaux et du développement des emplois publics.
Autres petites différences entre le père et le fils, la très grande proximité de Gaudin avec les réseaux catholiques (quand Defferre s’appuyait sur ceux de l’éducation populaire et de la résistance) et… l’abstention. « Gaudin a une énorme chance. En 2014, il gagne avec moins de 120 000 voix sur 850 000 habitants, moins qu’en 2008. » Conclusion du sociologue : « Aujourd’hui, ceux qui votent sont donc essentiels, il faut les choyer ! »
Jean-François Poupelin