Claude Bertrand
Claude Bertrand incarne le caractère cassant comme Jean-Claude Gaudin la bonhomie. A fond dans le personnage quitte à le surjouer. Le truc, c’est que lui, l’éternel directeur de cabinet à la région puis à la mairie, n’a pas à se présenter devant les électeurs. Trente ans à se faire élire par procuration, la belle affaire !
Cette vie en arrière-plan est celle d’un stratège politique, un poil méprisant pour des élus qu’il juge souvent médiocres après les avoir installés. Régulièrement, il les choisit plus pour un potentiel communautaire, financier ou micro-local de voix que pour le talent. Pour lui, les conseillers municipaux sont des numéros nécessaires à compter jusqu’à 51 et ainsi assurer une majorité à son patron.
Avec Maurice Battin, le stratège électoral, et Jean-Claude Gondard, le directeur des services, ils forment depuis vingt ans un maire bis dont il est la tête. Nombre de décisions leur reviennent. Quand il faut se fâcher notamment. A Gaudin, les sourires et les tapes dans le dos, à eux les basses besognes, les coups de règle sur les doigts et le billard à douze bandes. Ils s’occupent aussi des dossiers les plus chauds, de la relation avec Force ouvrière, syndicat majoritaire à la ville, comme de la gestion des permis de construire.
Son prisme de lecture est toujours le scrutin suivant, travaillé avec une minutie inouïe. Une dévotion plutôt bien récompensée : en plus de sa confortable paie de cabinet, Claude Bertrand cumule avec un poste d’assistant parlementaire de Gaudin au Sénat. Et tant pis si ses visites à la chambre haute sont plus qu’épisodiques…
Dominique Bruno