Sur les plages abandonnées
Ils ne rêvent que d’une chose : quitter au plus vite la Côte d’Azur, par d’autres tant convoitée, afin de rejoindre le nord de l’Europe. Mais pour les deux cents migrants bloqués au début de l’été près de Vintimille, à la frontière franco-italienne, la Riviera restera à jamais le cauchemar d’un campement d’infortune sur d’hostiles rochers. Des migrants ont aussi été parqués dans la petite gare de Menton Garavan. « La désobéissance est un devoir », s’est insurgé Roger Colombier, de la CGT Cheminots, auquel la complicité de la police et de la SNCF a rappelé de sombres heures de l’histoire de France.
Autre rive, autre plage, celle d’El-Kantaoui en Tunisie, endeuillée par le massacre de 38 touristes étrangers. Mais cet attentat, revendiqué par l’Etat islamique, ne ciblait pas que des occidentaux. Il s’agissait aussi, dans le sillage de celui du musée du Bardo, de piétiner les espoirs du peuple tunisien, dont la jeunesse a su, lors du printemps arabe, faire tomber une dictature et ouvrir la voie vers un régime où liberté rime avec laïcité. Ce n’est pas un hasard si un forum mondial des médias libres s’est tenu à Tunis en mars dernier. Ce n’est pas un hasard si le Ravi était sur place pour y défendre le droit de caricaturer.
De Vintimille à El-Kantaoui, ni invasion, ni guerre de civilisation : juste les effets dramatiques d’un monde en souffrance, rongé par trop d’inégalités, trop de dénis démocratiques, pas assez de justice, de culture et de fraternité.
le Ravi