« Le vide n’existe pas »
« Allo Clément ? Une tribune ? Sur la surconsommation et ses alternatives ? » Un coup de fil du Ravi, comme ça, qui sonne comme une évidence, en plein tournage du teaser de notre nouvelle websérie sur le zéro déchet, quelques jours avant le Black Friday et Noël et un jour après avoir refermé la dernière page du roman Dans la forêt de Jean Hegland.
L’histoire de deux adolescentes qui vont devoir réapprendre à vivre autrement, à reconsidérer « chaque petit bout de toutes les choses qui remplissent » leur existence et à se reconnecter, pour de vrai, avec la nature, après l’effondrement de notre civilisation. Une histoire qui m’a bouleversée et m’encourage d’autant plus à aligner pas à pas mon mode de vie avec mes valeurs et à développer les actions de La Nouvelle Mine, que j’ai fondée en 2016, en Provence. C’était le jour du printemps, signe de renouveau.
Fermez les yeux, respirez et imaginez que tous nos espaces publics, de vie, de travail soient réalisés à partir d’objets et matériaux de récupération ; imaginez que toutes nos déchetteries soient reconverties en matériauthèques avec des espaces d’ateliers, de formations et de partage de savoir-faire autour du surcyclage et des lowtech ; imaginez que les usagers d’un espace pourraient collaborer ensemble et contribuer à l’améliorer, à le rendre singulier ; imaginez que les modes de vie « zéro déchet » soient devenus naturels pour tous et que nos lieux de vie soient entourés de nature nourricière. Vous imaginez aussi toutes les ressources naturelles qui en seraient ainsi préservées ? Les transports, stockages, usines et l’énergie qui seraient ainsi évités ?
C’est sûr, Netflix va me piquer l’idée pour sa prochaine série ! Loin d’être une fiction, ces nouveaux scénarios de vie sont réalisables et d’autres initiatives proches de La Nouvelle Mine voient le jour sur notre belle planète : Rotor, Encore Heureux, Raedificare, Minéka, L’Estoc, Night Wood, Terracycle, Les ateliers d’éco-solidaire, le Smicval, Extramuros, Upcycly, La Réserve des Arts, Restore, Piet Hein Eek, Hendzel & Hunt, Bordalo II, Re-Tuna, le LowtechLab, le réseau des ressourceries, Emmaüs, ZéroWaste ne sont que quelques-uns de nos cousins, comme nous aimons les appeler. Oh cousin, tu repenses et je t’expose !
Et nos cousins nous font du bien ! Que ce soit en matière de réemploi, de surcyclage dans le design et l’architecture, d’œuvres d’art, de réparation, de zéro déchet, tous ces humains testent jour après jour, de nouvelles alternatives, mettent au point de nouveaux savoir-faire et de nouvelles manières de fonctionner.
Et à la base de toutes ces initiatives, un dénominateur commun : celui du changement de comportement.
« Pour guérir la Terre, vous devez d’abord vous guérir vous-même. Et à l’inverse, vous vous soignez en prenant soin de la Terre » affirme Thich Nhat Hanh, l’un des porte-paroles du mouvement « écologie profonde ».
Oser se regarder de l’intérieur au lieu de regarder les vitrines de grands magasins, oser se remplir des énergies de la Terre au lieu de remplir son caddy, oser accueillir ses émotions au lieu d’accueillir le livreur.
Et accepter. Ne plus vouloir combler nos vides car de toute façon le vide n’existe pas.