Legré-Mante : ne pas rajouter de la pollution à la pollution !
Le site marseillais de Legré Mante, à la Madrague de Montredon, est particulièrement bien situé : contre le parc national des Calanques, en bord de mer, en bas des collines avec une population apparemment paisible. Les 8 hectares et demi de cette ancienne usine sont proposés au groupe Oceanis dont le nom fait déjà rêver certains… Un permis pour 285 logements est signé par la mairie. Mais ce permis est attaqué par le CIQ (Comité d’intérêt de quartier) de la Madrague et le juge a tranché : permis rejeté. Faut dire que la mairie avait été peu regardante et avait accordé un permis s’asseyant sur la loi littoral, ne prenant pas en compte le doublement de la population de la Madrague sans considérer l’assainissement et l’encombrement de la voie d’accès. Le problème est aussi qu’un sol pollué depuis deux siècles par du cadmium, du plomb, de l’arsenic, du mercure, parfois sur plusieurs mètres d’épaisseur et avec 13 000m2 de toitures amiantées à enlever, ça ne se remue pas comme une pâte à crêpes. S’ensuit une bataille juridique en cours d’instruction.
La lutte c’est aussi 4000 pétitionnaires, de nombreuses réunions, la projection répétée du film de Valérie Simonet « calanques une histoire empoisonnée » et, lors des élections, l’interpellation des candidats. Nous ne sommes pas opposés à toute construction sur ces sols d’anciennes industries à dépolluer mais pas au détriment de la santé des citoyens qui doit rester une priorité absolue.
Le danger sanitaire que représente le site industriel de Legré Mante est réel. La mise en suspension des poussières des sols par les chantiers entraînera leur dispersion sous forme de particules fines et ultrafines contaminées par les métaux lourds dans les zones alentours. Ce type de particules pénètre facilement au plus profond du système respiratoire puis infiltre l’organisme, ce qui constitue un risque sanitaire important (asthme, cancers…) surtout pour les femmes enceintes et les enfants.
Marseille, une des villes les plus polluées d’Europe, paye déjà un lourd tribu à la pollution aux particules : 1000 décès prématurés/an soit 7 mois d’espérance de vie perdue (étude InVS/Aphekom). La dangerosité des sols pollués est reconnue. L’Agence régionale de santé Paca a lancé en mai 2013 une campagne de dépistage du saturnisme dans la zone du littoral sud de Marseille. De même, le plan national santé environnement insiste sur le diagnostic préventif de l’état des sols des établissements recevant des publics sensibles (crèches et écoles en particulier). Or, les conditions d’exploitation du chantier présentées par le promoteur ne permettent pas d’assurer une totale protection de la population contre ces émissions de poussières toxiques. Par exemple, le contrôle de la dispersion des poussières prévu ne concerne que les poussières grosses et sédimentables sur place et n’est donc absolument pas adapté à la mesure des particules fines et ultrafines.
De même, le lieu de mesure de la vitesse du vent et de sa nature, deux facteurs primordiaux de dispersion des poussières, ne reflète pas la réalité aérologique complexe du site. Le comité de santé Legré Mante, en regard du danger sanitaire réel que représentent ces sols, exige l’application du principe de précaution afin que toutes les mesures soient prises pour que l’exposition des populations avoisinantes aux poussières soit parfaitement contrôlée et maîtrisée, si des travaux devaient avoir lieu sur ce site. Mais aussi la mise en sécurité effective du site, des études des sols complètes, une étude d’impact sanitaire et environnementale indépendante ainsi que l’ouverture d’une concertation dont la demande a été signée par 15 associations et CIQ du secteur.
En savoir plus : http://comitesantelittoralsud.blogspot.fr