la Tchatche fait des comptes
Vous le savez désormais, votre journal et l’association qui l’éditent connaissent en ce moment une passe financière difficile. Aussi, il nous est apparu nécessaire de vous expliquer les principales raisons de nos difficultés actuelles. Pour cela, il est nécessaire de nous replonger un an en arrière. C’est grâce à vos dons lors du Couscous Bang Bang, notre levée de fonds participative, que nous avons terminé l’année à l’équilibre. Les plus de 30 000 euros reçus à cette époque étaient une marque de confiance et d’estime des lecteurs et autres amis du Ravi. Ils nous ont permis de démarrer l’année 2014 sur des basses financières saines.
Cette mobilisation nous obligeait à continuer de proposer une presse exigeante d’enquête et de satire, « pas pareille ». Elle nous incitait à poursuivre nos activités d’éducation populaire dans les quartiers populaires ou dans les établissements scolaires. Disons-le tout net, nous avons alors fait un pari. Malgré la fin de trois contrats aidés et des subventions afférentes, nous avons choisi de maintenir notre équipe de 7 personnes dont 6 journalistes, pour certains à temps partiel. C’était, à notre sens, la condition sine qua non pour développer l’association et son journal sur l’ensemble de la région Paca.
Des hausses et des baisses
Ces efforts se sont concrétisés avec des ventes du Ravi en hausse de près de 33 % pour atteindre 62 000 euros en cette fin d’année. Cela a été une grosse satisfaction pour toute l’équipe même si le nombre d’abonnés reste insuffisant. En effet, sur les 2000 numéros vendus chaque mois, seuls 800 lecteurs ont souscrit à un abonnement sur un an ou deux ans. Ce lectorat encore insuffisant nous a depuis longtemps conduit à aller chercher des financements hors du simple secteur de la presse. Cela a d’abord été le cas avec des subventions publiques (de projets plus que de fonctionnement), de la publicité puis avec des partenariats avec des fondations ou des associations dont la fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés, particulièrement présente aux côtés du Ravi.
En 2014, l’ensemble des fonds publics alloués à la Tchatche a connu une baisse drastique dans un contexte d’austérité où nombre d’associations voient leurs ressources diminuer. Le conseil général des Bouches-du-Rhône a ainsi baissé son soutien de 90 %. Désormais, la Tchatche ne reçoit que quelques commandes pour des ateliers dans les collèges et ne reçoit plus de subvention à la vie associative. Nous avions pourtant reçu à ce titre 35 000 euros en 2012 puis 15 000 euros en 2013. Mais cette année, allez savoir pourquoi, nos dossiers n’ont jamais été présentés au vote et ce, sans aucune explication.
En parallèle, le conseil régional a suivi une pente un peu moins raide mais tout de même déclinante avec des soutiens en baisse globale de 44 %. Le coup a été rude pour notre structure. Dans ce laps de temps, nous avions pourtant cherché d’autres ressources financières. Durant toute l’année, nous avons ainsi mené une étude sur la presse pas pareille en Paca avec le soutien de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire pour 23 000 euros. Pour des sommes plus modestes, le conseil général du Vaucluse, le ministère de la Ville et le contrat urbain de cohésion sociale ont contribué pour la première fois à notre projet en subventionnant le programme « Et si ? » de journalisme participatif dans les quartiers populaires dont vous avez déjà lu le résultat avec des cahiers spéciaux insérés dans le Ravi.
Aucune aide directe de l’Etat
Ce même programme a aussi reçu le soutien d’un partenaire fidèle de la Tchatche, la fondation Abbé-Pierre qui après une première expérience sur les thématiques du logement, a élargi son soutien à notre structure. Cette année, c’est environ 30 000 euros que la fondation Abbé-Pierre a versé à l’association sur l’ensemble de ses activités. Ce développement intensif mais respectueux des valeurs qui fondent notre structure n’a pas été suffisant pour éviter les pertes. Si les choses restent en l’état, nous devrions finir l’année avec 50 000 euros de pertes, raison pour laquelle nous sommes aujourd’hui en redressement judiciaire (voir page 3).
Il faut noter que cette année comme précédemment, nous n’avons reçu aucune aide directe de l’Etat pour porter une presse différente en région Paca alors que les médias régionaux sont dominés par l’affairiste Bernard Tapie. Nous pensons fortement que la défense du pluralisme de la presse est pourtant dans les missions que doivent se donner les décideurs publics. L’édition de journaux d’information générale et politique n’est pas une activité commerciale comme les autres. C’est, armés de cette conviction, que nous avons créé avec de nombreux autres titres de la région, l’association Medias citoyens Paca pour mieux défendre une presse qui choisit la complexité plutôt que la facilité et préfère la satire à la prudence.
C’est cette orientation que nous espérons continuer à défendre et à porter en 2015 avec des finances certes réduites et un modèle repensé. Nous sommes conscients que le rapport de force ne nous est pour l’heure pas particulièrement favorable. Les politiques d’austérité menées depuis des années et le poids croissant de l’extrême droite – notamment dans notre région – n’incitent pas à l’optimisme.
Pour poursuivre son combat, le Ravi aura plus que jamais besoin de vous, besoin de lecteurs, de bénévoles prêts à se mobiliser pour que vive ce titre unique. Notre redressement, nous le savons, passera par un développement des abonnements. Qu’on se le dise, la place du Ravi cette année est plus sous l’arbre de Noël que dans la crèche. Amusez vos amis, bousculez vos ennemis en offrant le journal. Sinon, ça va vraiment finir par sentir le sapin.
la Tchatche