« Et comme le disait Kundera… »
17h38
« Non c’est réservé à La Provence et à La Marseillaise », s’entend répondre le Ravi lorsqu’il demande à s’installer à la table de presse…
17h40
Philippe Amy (UMP) adjoint à la culture alias « l’homme à la moto » prend le temps de serrer toutes les paluches du public avant de déposer casque et blouson. « Mais vous êtes qui ? », l’interroge une vieille dame. Le Dr Grégoire, conseiller municipal (UDI) fait son entrée, tout de vert vêtu, une photosynthèse à lui tout seul !
17h45
« C’est des pourris ! Ils sont cons ! », dans un coin de la salle une quinzaine de soutiens à l’ancienne majorité communiste discutent Bygmalion. « Je me marre ! », lance haut et fort l’ancienne adjointe au sport désormais dans l’opposition, Hélène Lunetta, aussi discrète que sa coloration capillaire rouge PCF. L’adjoint à l’éducation et aux cimetières, Bruno Foti (UMP), tête d’Austin Powers, traverse la salle polyvalente lunettes de soleil encore vissées sur le nez.
17h53
Le nouveau maire UMP d’Aubagne, Gérard Gazay, fait son tour de piste. le Ravi en profite pour redemander une place à la table de presse : « C’est réservé… Faudra nous appeler avant la prochaine fois ! », suivi d’un sourire forcé et d’un « Bon courage ! », nous voyant un peu encombrés avec nos trombinoscopes et notre enregistreur. Forts de notre contrôle technique précédent à Fréjus (le Ravi n°120), nous lançons alors un anodin : « Finalement, c’est comme dans les mairies FN… » L’édile feint de ne pas entendre… Mais cinq minutes plus tard, on nous invite finalement à prendre place à côté de La Marseillaise, dont la chaise est encore vide. « Pas sûr qu’ils viennent vu comment on les traite », nous confie Hélène Lunetta, ancienne adjointe au sport, radicale de gauche désormais dans l’opposition, faisant allusion à l’annulation par le maire du podium estival de La Marseillaise. « En d’autres temps c’était nous qui étions censurés… », rétorque le journaliste de La Provence.
18h00
« La maison de retraite est de sortie ! […] ils vont venir les récupérer en bus ! », lance Lunetta en voyant la salle se teinter de poivre et sel.
18h02
Sylvia Barthélémy (UDI ancienne UMP), un faux air de Nicoletta, s’assoit à gauche de Gazay. UDI et UMP ont fusionné au second tour des municipales et l’édile a été un soutien de poids dans l’élection de Barthélémy à la présidence de l’agglo d’Aubagne en avril dernier.
18h03
L’ancien maire PCF Daniel Fontaine et son ancien premier adjoint Patrick Arnoux (PS), manquent à l’appel. Le journaliste de La Marseillaise s’installe. Alors que Lunetta se cure les dents, l’élu d’opposition (EELV) Denis Grandjean, directeur d’école, demande une minute de silence pour l’institutrice tuée à Albi.
18h15
Alors que le photographe de La Provence débarque avec un téléobjectif digne d’un paparazzi de la Côte d’Azur, le journaliste de La Marseillaise sort timidement son compact de l’étui.
18h18
Le maire s’octroie une nouvelle délégation, celle des appels d’offres. Magali Giovannangeli, élue d’opposition (PCF), ancienne présidente de l’agglo et ex-première adjointe (elle avait remplacé Patrick Arnoud), s’inquiète pour la démocratie : « Cette délibération va permettre de passer des marchés sans limite de montant et donc sans passer par le conseil municipal, […] quelle opacité ! » « Je suis entièrement d’accord avec Madame Giovannangeli ! », lance contre toute attente l’élue FN Joëlle Melin. Gloussements de La Marseillaise. Sylvia Barthélémy renvoie l’ancienne majorité à ses emprunts toxiques : « Je veux parler de la transaction avec la Royal Bank of Scotland qui a été dissimulée au conseil municipal et même dans le budget de la ville ! »… et Melin à ses leçons de morale : « J’ai bien compris qu’elle serait le Pic de la Mirandole de ce conseil municipal ».
18h30
Le contrat de gestion de service public de l’eau assuré depuis 1960 par la Société des Eaux de Marseille (Sem) via Marseille Provence Métropole (MPM) est arrivé à son terme le 30 juin 2014. La majorité montre du doigt Giovannangeli, anciennement en charge du dossier, l’accusant de ne pas avoir anticipé l’échéance pourtant connue depuis 2010. « On a récupéré in extremis quelque chose que vous aviez totalement laissé en plan ! Soyez-en heureuse ! » assène Barthélémy. Colombani, délégué UDI à l’environnement enfonce le clou en affirmant qu’« aucune ébauche de travaux n’a été trouvée ». « Mais c’est faux ! », hurle Giovannangeli. Melin intervient, mais se fait envoyer balader par le maire qui l’accuse de ne pas connaître le dossier. Et d’achever Giovannangeli : « Ce que vous n’avez pas fait en 4 ans, nous l’avons fait en 4 semaines ! » Applaudissements de la salle.
18h39
Délibération sur l’achat de l’eau brute. Giovannangeli en profite pour reprendre la parole et se défendre, expliquant qu’elle n’avait pas réussi à se mettre d’accord avec MPM. Tacle de Gazay : « Vous avez travaillé de nombreuses années sur le sujet mais vous confondez MPM et la Sem ! […] Je comprends que vous ayez mis autant de temps pour arriver à négocier si vous n’arrivez pas à faire la différence […] ! » Rires dans la salle. On passe au vote. « Madame Melin est partie ? Elle n’est pas fâchée j’espère ! », ironise le maire.
18h52
Débat sur les subventions aux associations qui ont baissé de 20 %. Denis Grandjean (EELV) tente de calmer le jeu : « Le procès en incompétence fait d’un côté et de l’autre est dommage par rapport à la qualité des débats que l’on peut avoir dans cette instance […] Il serait préférable que ces compétences soient utilisées en commission plutôt que raillées en conseil municipal. » Certaines associations aubagnaises ont interpellé la mairie sur le sujet. Gazay assure avoir reçu les présidents d’asso qui, selon lui, comprennent parfaitement la situation. Fin de la polémique.
19h15
Réforme des rythmes scolaires. Jean-Marie Orihuel (Modem), élu dans l’opposition, félicite le travail du délégué à l’éducation. Annonçant déjà qu’il votera pour la délibération suivante contrairement à son groupe « Arc-en-ciel ».
19h20
« L’Arc-en-ciel c’est évidemment la diversité. Mais il est fluctuant dans le ciel et on le retrouve assez vite », note Giovannangeli. Rire gras de Lunetta. L’ancienne première adjointe remet en cause la fin de la gratuité des temps périscolaires. « 20 euros par an, Madame Giovannangeli ! », temporise Gazay. « Je sais, mais c’est une question de principe ! », répond l’élue poursuivant : « La gratuité n’est pas dans l’air du temps […] et comme le disait Kundera : être dans l’air du temps c’est l’ambition des feuilles mortes ! » Le public rit et le maire ironise : « Monsieur Foti, je pense que vous allez vous faire grand plaisir de répondre à Madame Giovannangeli ! » « Je vous passerai Kundera dans le texte… Quand vous voulez faire pleurer Margot avec ces 20 euros par an alors que ça représente 0,08 centimes d’euros de l’heure ! […] », poursuit Foti. Et l’édile de conclure : « La démocratie c’est des points de vue qui s’expriment de manière différente… J’aurais aimé que les socialistes s’expriment aussi sur ce sujet-là, car on sent bien qu’au niveau de l’Arc-en-ciel il y a des couleurs qui sont en train de ternir les unes après les autres… »
19H27
Concernant une nouvelle convention entre la ville et le CG 13 pour l’utilisation du gymnase Nathalie Sarraute : « Merci Madame Lunetta pour tout le travail de préparation que vous avez fait avec Monsieur Fontaine… Si vous voulez, je vous fais applaudir ! », lance le maire. « Absolument pas ! Je suis élue par le suffrage universel, nous ne sommes pas des rois. On n’applaudit que les rois ! », rétorque Lunetta, qui se félicite de ses 13 ans de délégation sportive. Et le maire de conclure : « Eh Madame Lunetta, vous connaissez le dicton : treize reste raide ! »
Samantha Rouchard