Laurent Cauwet de Manifesten
« L’édition, c’est une pratique qui prend énormément de temps. Je travaille sur des livres, qu’ils soient politiques ou philosophiques, qui signifient que la vraie vie est dehors, alors que je restais des heures derrière mon écran. C’est pour ça que j’ai ouvert ce lieu », explique Laurent Cauwet. Sortir du livre et aller à la rencontre des gens, c’est déjà ce qui avait été entrepris avec le festival homonyme, Manifesten. Ce festival itinérant « pouvait durer deux semaines et même plus, extrêmement dense, dans des petites villes à dimension humaine, pour proposer aux gens de vivre au rythme de ce que nous aimons. » Ce qu’aime Laurent Cauwet ? La culture de l’inconfort, celle qui ne rassure pas, qui oblige à un travail critique.
L’éditeur de poésie expérimentale connaît bien les difficultés de diffusion. Mais lui non plus ne baisse pas les bras. « Manifesten, c’est un mot tiroir : il y a manifestation, le premier geste, manifester sa présence au monde. » C’est aussi en rapport avec le film danois Festen, où un viol incestueux est révélé par un des enfants, devenu adulte, pendant un repas de famille. « Il y a un silence et la conversation repart comme si de rien n’était. Il est obligé de répéter 15 fois. J’ai l’impression que c’est un peu ce qu’on vit. On fait 15 livres, ça ne marche pas, c’est pas grave, on en fait un 16ème. On fait un festival, ça ne marche pas. C’est pas grave. On ouvre un lieu – c’est une façon d’être au monde… »
Anne-Claire Veluire
Le dernier livre édité par Al Dante est Avava Ovava, en collaboration avec la Voix des Rroms.