On ne baisse pas les bras !
« On ne peut pas sauver les morts », avait lâché, en 2011, Renaud Muselier, aujourd’hui député européen UMP, à propos des Fralib, les ouvriers en lutte contre la fermeture de leur usine. « C’est plié depuis longtemps », avait lui aussi pronostiqué, en 2012, Jacques Pfister, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille Provence. Et pourtant ! Face à la multinationale de l’agroalimentaire Unilever, 77 salariés n’ont pas baissé les bras durant plus de trois ans de conflit, d’occupations, de manifestations et de batailles juridiques. S’ils n’ont pas gagné le droit de conserver la marque Eléphant, ils viennent de décrocher les moyens de s’approprier leur outil industriel, de financer une Scop et de lancer leur propre marque.
La victoire des ouvriers de Gémenos (13) a d’autant plus de saveur qu’elle s’accompagne d’une ferme volonté de produire autrement des thés et des tisanes de qualité, en relocalisant la fourniture d’une partie des matières premières. Ils ne se sont donc pas battus pour recopier les recettes d’Unilever. Ils font la preuve que les licenciements financiers – la multinationale a toujours accumulé les dividendes – ne sont pas une fatalité. Cette issue d’un conflit emblématique vient à point pour contrecarrer un climat de défaites et de résignations. Le repli n’est pas une fatalité. L’union rend plus fort que le rejet, des plus faibles, des plus « étrangers ». Il ne faut vraiment jamais baisser les bras !
Michel Gairaud