Europe : le naufrage ?
Bruxelles bouc émissaire ? C’est une histoire classique. LFoundry Rousset, l’entreprise de semi-conducteurs dans les Bouches-du-Rhône, est en liquidation judiciaire. Les 600 salariés pour sauver leurs emplois mettent en place un projet de Scop, prêts à y verser une partie de leurs indemnités de licenciement. Mais pour son lancement, la coopérative a besoin d’un financement public. En avril, le ministère du redressement productif a pourtant douché leurs espoirs. Une participation conséquente de l’Etat ou de la banque publique d’investissement ne sera pas possible. La faute à qui ? A l’Europe bien entendu ! « Si on faisait le contraire, on devrait ouvrir un dossier à Bruxelles pour justifier notre intervention », se justifie le cabinet d’Arnaud Montebourg.
La ficelle est un peu grosse mais fonctionne toujours. Lorsqu’ils n’assument pas les conséquences sociales ou environnementales de leur politique, nos ministres se défaussent sur l’Europe. Ce sont pourtant bien les Etats nationaux qui déterminent les orientations mises en œuvre par la Commission européenne. Ce sont nos gouvernements qui freinent des quatre fers pour éviter que le parlement de Strasbourg, seule institution issue du suffrage universel, ne devienne une véritable assemblée avec le pouvoir de contrôler l’exécutif européen et ses orientations. L’Union européenne prend l’eau. Sa monnaie, sa banque, ses orientations économiques, contestées et contestables, doivent être questionnées. Il y a urgence car, en attendant, l’élection du 25 mai – plombée par l’abstention – risque de tourner en France au plébiscite pour l’extrême droite nationaliste…
Michel Gairaud