Moi, Alfred Mauro, néo facho…
« Ma grand-mère disait : « Les joueurs ne trichent jamais lorsqu’ils ont les bonnes cartes ». » (1) Je vous préviens : je cite en permanence ma grand-mère, une sicilienne qui m’a en grande partie élevé. C’est devenu un jeu avec mes amis, les vrais et les virtuels sur Facebook. Je viens même de publier un bouquin qui s’appelle « Ma grand-mère disait… » (2). Est-ce parce que je doutais encore d’avoir joué la bonne carte ? Mais en juin dernier, lorsqu’on me questionnait sur ma présence dans le comité de soutien pour la candidature de Marine Le Pen à la présidentielle, je bottais en touche : « J’ai signé parce que Gilbert Collard [« L’avocathodique » aujourd’hui député d’extrême droite Bleu Marine], qui est un ami, me l’a demandé. Et parce que je pense que tout le monde avait le droit de se présenter… » (3)
Ah l’amitié ! C’est sacré en Sicile. Au premier rang de tous, il y a Franz-Olivier Giesbert. La classe internationale ! Quel journaliste est capable, comme lui, de passer, du jour au lendemain, de la direction de la rédaction du Nouvel Observateur à celle du Figaro ? « C’est plus qu’un ami, c’est un frère » (4), mon témoin lors de mon mariage, en juillet 2012. Mon deuxième témoin c’était Grichka Bogdanov, je suis sérieux !, le frère d’Igor, qui était là lui aussi… Mais c’est FOG qui parle le mieux du Don Corleone. De mon resto marseillais, rue Sainte, où il aime déguster des spaghettis à l’encre de seiche, Franz-Olivier dit : « C’est la maison du bonheur » (4). « Ma grand-mère disait : « Tous les rêves sont impossibles jusqu’à ce qu’on les réalise » » (5). Mon coup de génie, c’est d’avoir inventé « les mardis littéraires ».
L’idée est venue de mon ami Patrick Coulon, co-fondateur des éditions de l’Ecailler du sud. Je suis resté en très bons termes avec les polardeux marseillais avec lesquels j’ai organisé, un temps, le festival « le pôle art marseillais ». Très vite, j’ai élargi le cercle des « mardis littéraires » pour y inviter toutes sortes d’écrivains en ne négligeant surtout pas les plus connus, les politiques, journalistes et autres people ayant gribouillé un livre. Le principe est simple : 35 euros le repas pour avoir le droit de débattre avec François Missen, Claude Allègre, Patrice Duhamel, Jean-Louis Debré, Jean-François Khan, Jean-Pierre Foucault, Edwy Plenel, Alexandre Jardin, Pierre Benichou, sans oublier bien entendu, parmi plus de 200 invités, Marine Le Pen ou sa charmante nièce, Marion Maréchal… De gauche à droite, du centre aux extrêmes, le tableau de chasse est presque complet !
Une affaire rentable ces dîners politiques pour un restaurant qui a fini par l’être beaucoup moins car j’ai fait faillite fin 2013 ! C’est la faute à Marie-Arlette Carlotti ! Je blague ! Mais à peine ! La rencontre avec la ministre socialiste, en juin, est partie en vrille avec une rixe dans le public, du gaz lacrymo, la salle évacuée, les additions non réglées… Ses collaborateurs refusent de payer la totalité de la note de 1120 euros. J’ai porté plainte pour « filouterie alimentaire ». La ministre a attaqué pour « tentative d’escroquerie » (6)... Mon cousin préside l’association des Siciliens de France : alors que personne ne s’avise de m’emmerder ! Mais, bon, mieux vaut en rire au final ! « Car il s’agit bien de cela ! Rire ! En tout cas ne pas se prendre trop au sérieux, ni le monde qui nous entoure », comme l’explique mon ami Serge Scotto dans la préface de mon livre.
Il devrait faire attention, le Scotto d’ailleurs ! Gilbert Collard a préfacé un tome de ses chroniques du chien Saucisse (7). Tous les trois, on animait déjà, en 2008, au Don Corleone, « Marseille lettres d’Afrique », une émission littéraire éphémère diffusée sur Télésud, chaîne francophone panafricaine. Serge Scotto tenait chronique dans le Ravi à ses débuts. S’il fait comme nous, il va bientôt faire aboyer son chien dans Présent ! FOG ferait bien d’ailleurs de claquer définitivement la porte du Point pour relancer cet excellent quotidien… Debout la France ! Debout les mots !
« Debout les mots », c’est le nom de l’entretien hebdomadaire que j’anime sur la web TV du site de Collard. Car j’ai enfin fait mon coming out facho ! Je suis officiellement le directeur de campagne du député Bleu Marine du Gard, candidat à la mairie de Saint Gilles ! Gilbert et moi, sur ces vidéos, on forme un peu un couple à la Dechavanne-Carmouze. Je joue le rôle du faire valoir et du souffre douleur. Exemple, le 5 janvier : Collard m’interpelle : – « Excusez-moi de vous réveiller » ; Je réponds aussi sec : – « Non, non, je bois vos paroles, je les distille. » (8) Et quelles paroles ! Quelle littérature !
Gilbert Collard, il a toujours le mot juste. Lorsque je le questionne sur Valls et Taubira, il les rebaptise aussitôt « le violon et la grosse caisse » (9). Lorsque j’évoque « la semaine chargée » où la presse a révélé les aventures extra-conjugales de Hollande, il rectifie : « une semaine qui décharge », comparant le président à « Henri IV, un grand baiseur, grâce auquel on a eu, comme avec François, la poule au pot » (8). Que d’érudition ! Quel talent oratoire ! Et de nommer Hollande, une autre fois, « Guimauve le conquérant » ! (10)
Mon candidat sait aussi trouver quand il faut, des accents graves, ceux qui nous seront utiles pour redresser la France. À propos du « petit Antoine, 20 ans », tué par un voleur à la tire, Gilbert m’explique que « parce qu’on détruit les traditions, le temps des couteaux au coin des nuits de France revient » (9). Quel lyrisme ! A propos des réformes sur l’IVG, sans remettre en cause le droit à l’avortement, Collard m’ouvre les yeux en soulignant que, comme le pape, « il faut s’opposer à la civilisation du détritus. Il y a plein de détritus alimentaires, économiques mais aussi maintenant plein de détritus humains » (10). Bien envoyé ! Mais heureusement, face au « bordel pour tous » (9), face au « fascisme islamiste vert » (10), il y a « Marine et son amour absolu pour la France » (9).
Je sais que les bien pensants, les valets du système, vont vouloir me faire payer mes choix politiques, vont chercher à jeter l’opprobre sur le Don Corleone. Je sais que comme Jean Roucas, mis au pilori médiatique depuis son ralliement patriotique au FN, les cultureux et les journaleux vont s’acharner sur moi. Ma grand-mère me disait – pardon ! – mon Gilbert Collard me dit : « C’est une forme de reconnaissance, il y a peu de soldats qui ne prennent pas de coups. » (8)
Mais les temps sont durs décidément. Tout ce que je vous raconte fleure déjà la vieille histoire. Le Don Corleone a plié boutique. Et, début mars, à quelques jours du 1er tour des municipales, le torchon brûle avec mon Collard. J’ai démissionné du poste de directeur de campagne. « Je ne peux plus travailler avec un homme qui a un sur-moi démesuré, qui méprise ses collaborateurs et qui donne raison au dernier qui parle. Il se prend pour Machiavel mais se comporte comme Trissotin. » (11) Christian Ballouard, le futur 1er adjoint de mon avocathodique ? : « c’est un homme colérique qui tient des propos racistes ! » (12)
Evidemment, je perds gros en me révoltant. Collard m’avait promis un poste d’adjoint. Ma femme était sa mandataire financière. Évidemment, mon député Bleu Marine rend coup sur coup : « ce n’est pas lui qui est parti mais c’est nous qui l’avons viré. On fait le ménage chez nous. » (12) Et Gilbert Collard, fidèle à lui même de racler les fonds de tiroir : « Alfred Mauro a été condamné pour violences sur un représentant des forces de l’ordre (…) abandon de famille (…) il a fait l’objet d’une plainte pour viol conjugal, qui a été classée » (12) Que de coups ! Que de reconnaissance ! Bon, je suis quand même en 5ème position sur la liste Collard à Saint Gilles. L’essentiel est donc sauf : vive Marine Le Pen ! La France aux français !