2014, année de la PPP ?
On les nomme médias alternatifs, citoyens, associatifs, participatifs, de proximité, du tiers secteur… Nous les avons appelés, un peu par boutade, les « médias pas pareils ». En septembre 2013, la Tchatche, l’association qui édite le Ravi, a organisé à Marseille une rencontre nationale de la PPP, la « presse pas pareille ». En novembre, encore à Marseille, c’est au tour de l’Equitable Café, toujours avec la complicité du Ravi, d’organiser une quinzaine des « médias pas pareils », avec Fokus 21, radio Galère, les Têtes de l’Art, l’Apéas, Médias citoyens, CQFD et d’autres encore…
De quoi parle-t-on précisément ?
– D’une presse et de médias à but non lucratif. Par leurs statuts (associatif, coopératif…) ou par leur finalité non marchande.
– De médias du « tiers secteur » : rattachés à l’économie sociale et solidaire, ils s’appuient sur un modèle économique mixant activité économique, missions et actions d’intérêt général, bénévolat….
– De médias d’information générale et d’intérêt général dont l’objectif est de faire débattre, donner aux publics les moyens du plein exercice de leur citoyenneté.
– De médias de proximité : qui se battent pour une information de qualité se fabriquant et se diffusant de façon horizontale et non verticale, de médias attentifs à s’adresser à des publics éloignés de l’information, dans des quartiers défavorisés et souvent stigmatisés, tout en ayant un rayonnement plus large régional voire national.
– De médias participatifs et citoyens : offrant à ses lecteurs / auditeurs / spectateurs des moyens pour comprendre la fabrique de l’information, pour décrypter les mécanismes de la société de l’information, pour contribuer à la production d’objets médiatiques (tirés à part, émissions…), notamment par la conception et l’animation d’ateliers tous publics et d’actions éducatives, auprès des jeunes, notamment des quartiers dit « difficiles ».
– De médias « irrévérencieux » : pour vivifier le débat public et démocratique en faisant la preuve, par les faits, de l’utilité d’un journalisme indépendant, privilégiant l’enquête et le reportage.
Mais le dynamisme de ces médias, l’engagement de ceux qui les font et de ceux qui les lisent, les écoutent ou les regardent, va de pair aussi avec une certaine fragilité. le Ravi, sans le succès de la levée de fonds participative pour sauver le titre en 2013, aurait pu baisser les bras après dix ans d’efforts constants. Vmarseille, mensuel édité par une coopérative, a publié son dernier numéro en décembre après une année d’existence. La « PPP » est la plus exposée, la plus précaire. Les raisons sont multiples : la diffusion de la presse est en crise ; là où il existe une reconnaissance et des aides pour les radios libres, les dispositifs de soutien nationaux à la presse excluent la presse de proximité ; les journaux de la PPP, occupés à se battre pour survivre, peinent à se fédérer…
Pour prolonger la démarche initiée lors des 1ères rencontres de la PPP, la Tchatche se lance en 2014 dans une démarche de mutualisation des idées et des ressources pour tenter de mieux fédérer les médias citoyens et non marchands. L’association a déposé auprès de la Cress-Paca (la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire) un « microprojet » FSE (Fonds social européen) qui a été retenu. En clair, nous allons établir un état des lieux du paysage des médias pas pareils en commençant par Paca (diversité, fonctionnement, besoins, atouts, faiblesses…), pour tenter de renforcer et développer les projets existants, pour essayer de valoriser les médias citoyens en leur donnant plus de moyens et d’audience en jouant les synergies…
Y a du boulot. C’est pas gagné. Mais on aime ramer et batailler surtout quand l’issue est incertaine. Et puis nous avons compris qu’on pouvait vraiment compter sur vous !