« Bienvenue à Santiago de Chile »
9H06
« La préfecture nous a prévenus seulement mercredi soir à 22h47 », nous lance le dir com en distribuant à la presse des cartes A3 multicolores représentant le charcutage cantonal prévu pour 2015 ! 43 cantons transformés en 23, 46 conseillers départementaux qui remplacent les conseillers généraux avec création obligatoire de binômes paritaires (23 femmes-23 hommes). Un redécoupage sur la base d’une logique démographique loin d’être cohérente pour les élus présents, mais qui aura surtout pour conséquence de voir s’affronter au sein d’un même canton deux conseillers généraux de l’actuelle majorité… Et le dir com de rassurer le Ravi : «Je pense que le débat va être animé, vous aurez de quoi écrire ! » Et dire qu’on pensait s’ennuyer ferme en assistant au débat d’orientation budgétaire…
9H15
Le président Horace Lanfranchi (St Maximin, UMP) est déjà là, il cherche ses lunettes en chantonnant. Les élus arrivent au compte-gouttes. « J’ai mal aux jambes, j’ai la grippe je crois », se plaint Marc Giraud (La Crau, UMP), vice-président qui se rêve Calife à la place du Lanfranchi pour 2015… enfin si ses problèmes avec la justice le lui permettent (« Deux terrains, un maire, plusieurs possibilités », le Ravi n°110). Par contre si c’est le virus H1N1, on risque de perdre une partie de la droite locale !
09H21
Laurent Lopez (Brignoles, FN), superstar, prend place avec à sa droite un élu de gauche Michel Partage (Barjols, DVG) et à sa gauche un élu de droite, Philippe Vitel (Toulon 3, UMP) ! Vitel est d’ailleurs le seul à serrer la main des journalistes… pourvu qu’il n’ait pas croisé Giraud avant !
09H37
La séance débute par une minute de silence pour Philippe Marianni, candidat aux municipales à Lorgues, victime d’un AVC, fils de Barthélémy Mariani (Lorgues, PS), présent ce matin.
9H38
Elie Brun (Fréjus, UMP) manque à l’appel, sûrement exténué par son procès pour prise illégale d’intérêt…
9H40
Lanfranchi lance les hostilités : « Je ne donnerai mon avis que quand vous vous serez exprimés afin qu’on ne m’accuse pas d’influencer le débat ! » La délibération du CG est consultative et sera transmise ensuite au préfet puis au ministère de l’intérieur.
9H52
Giraud ouvre le bal ! L’homme est inquiet puisque La Crau, son « futur ex canton », est désormais distinct de celui de Carqueiranne, ville dont il est le maire. « C’est de la politique politicienne », s’insurge-t-il. Lanfranchi l’interrompt et demande aux techniciens de projeter le canton concerné : « Vous allez voir qu’on est interactif ce matin… actif, certes on l’est toujours, mais inter… ». Pendant ce temps-là, Vitel The Geek alterne entre sa tablette numérique et son smartphone.
10H00
Max Piselli (Draguignan, UMP) compare la séparation entre le canton 10 (Le Muy) et 23 (Fayence), à un découpage « à la chilienne ». Et Lanfranchi de rebondir : « Je veux simplement dire à Messieurs Cavallier (Fayence, UMP) et Serra (Le Muy, DVD) : bienvenue à Santiago de Chile ! »
10H16
Lopez, proche de l’extinction de voix, note que la préfecture a omis de consulter le FN sur le re-découpage – tiens donc ! Il soutient l’avis défavorable formulé par le CG. Applaudissements décomplexés.
10H20
C’est au tour du sénateur et conseiller général de Callas, Pierre-Yves Collombat (PS) de donner de la voix. Pour lui, mieux aurait valu une élection des conseillers départementaux au scrutin proportionnel sur la base des intercommunalités : « Ces nouveaux sont des égarements masochistes pour la gauche ». Mais de rajouter s’attirant les huées de la majorité : « il serait contre-productif de voter contre, en conséquence le groupe de la gauche varoise s’abstiendra sur ce projet de découpage ». « Aie un peu de courage », assène Vitel, sans décoller les yeux de sa tablette.
10H30
Devant la table des journalistes un Ange – Musso (La Valette, UMP) – passe…
10H40
Les discours se suivent et se ressemblent… enfin presque ! On retiendra le fameux « C’est le Var qu’on assassine ! » de la tragédienne Caroline Depallens (Toulon 6, UMP). Ainsi que l’intervention hippique de Pierre Lambert (Aups, DVD) qui voit son canton passé de 6 communes à 34 : « J’ai fait le tour de mon canton à pied cette année, j’avais dit que l’année prochaine je le ferai à cheval, mais au nom de la cause animale… ». Et meilleure auto-vanne attendue pour Michel Partage (Barjols, DVG) : « il y a des points […] que je partage… ça y est j’ai dit le mot ! ». Il pensait voter contre, mais suite aux arguments « uniquement politiciens » avancés par Giraud, il décide de s’abstenir. Huées.
10H50
Bis repetita : « Aie un peu de courage, tu te rendras service », lui lance Vitel qui à peine rassis – après 20 minutes passées dehors – est déjà sur facebook.
10H52
« Doucement, vous savez que j’adore les débats qui se déroulent de façon très citoyenne », tempère Lanfranchi. Pierre-Yves Collombat répond à Vitel : « Je n’ai pas de leçon de courage à recevoir. » « Oh si », tacle de nouveau Vitel. « Mon cher collègue, je te ferai la liste des fois où tu as voté contre ton gouvernement ! », réplique Collombat. Le ton monte entre le sénateur et le député. « Moi j’ai dit depuis mars qu’on allait à la catastrophe dans un département comme le nôtre, l’expression le binôme pour tous c’est qui ? C’est pas vous. Vous, vous dormiez sur vos deux oreilles ! », s’égosille le conseiller général de Callas à bout de voix.
10H58
Le président met fin à la querelle : « Je vous propose à tous les deux de prendre un peu de temps à Paris, prenez donc l’avion ensemble ! »
11H00
Mais celui qui a raté une carrière dans le stand-up c’est François Cavallier (Fayence, UMP) qui surgit hors de la nuit – au Ravi aussi on peut faire des vannes ! – raconte la blague du berger et de l’énarque comme personne et file la métaphore avec brio : « Et puisque les débats nous ont mis dans une tradition hispanophone, je vous dirai : no pasaran ! » Le public est en liesse !
11h06
Vitel, casseur d’ambiance, revient à la charge en demandant à la gauche varoise de voter contre face à « un gouvernement qui met le pays à sec ».
11H08
« J’avais dit qu’avant 11H on en viendrait à un débat national, je me suis trompé de quelques minutes ! », ironise Lanfranchi.
11H20
La députée Josette Pons nous offre une version UMP d’Osez le féminisme : « En tant que femme j’ai horreur qu’on me dise "tu pourrais être élue grâce à la parité !" […] Et je pense qu’ici toutes les femmes, que ce soit Raymonde, Nicole, Hélène, Véronique, Françoise ou Caroline, on n’a pas été élues grâce à la parité, on s’en fiche de la parité. On a été élues parce que peut-être, comme les hommes, on savait représenter un territoire, le défendre et y travailler. »
11H50
Jean-Louis Masson (La Garde, UMP) s’adresse au préfet mais qui n’est pas dans la salle. L’assemblée applaudit. « Merci mais je n’ai pas terminé ! Je sais que vous avez faim… » Et Lanfranchi d’ajouter : « Jean-Louis, ma grand-mère disait quand on t’applaudit, pose-toi une question : Est-ce parce que tu as bien parlé ou… » Rires dans la salle.
12H08
Des maires présents dans le public, prennent la parole. Puis Lanfranchi enchaîne sur le vote en s’emmêlant les pinceaux : « Qui vote contre… la délibération ? » Les mains qui s’étaient levées avant la fin de la phrase sont perdues… car ils sont là pour voter contre l’avis, et non contre la délibération ! « Vous avez décidé d’avoir ma peau ce matin ! », ironise Lanfranchi. Résultat : la majorité et le FN vote contre, l’opposition s’abstient et Michel Partage ne vote pas. Lanfranchi poursuit avec l’ordre du jour dans l’indifférence la plus totale…
Samantha Rouchard
En illustration : Horace Lanfranchi, président UMP du CG 83 (dessin de Trax)