Ça chauffe pour le solaire
On allait voir ce qu’on allait voir, comme le changement, la transition énergétique c’était pour maintenant. Après des mois de consultations, à part des annonces ambitieuses pour réduire notre consommation d’énergie de 50 % d’ici 2050, les conclusions de ce débat n’ont pas plu à certains professionnels du secteur, acteurs de la filière solaire en tête. Première des raisons, la fin du crédit d’impôt pour les particuliers sur les installations photovoltaïques (solaire électrique) et la baisse de 32 % à 15 % pour le solaire thermique (qui permet de se chauffer). Richard Loyen, directeur général d’Enerplan, le syndicat professionnel des énergies solaires basé à La Ciotat (13), estime à 5 000 le nombre de destructions d’emplois dans le secteur pour la seule année 2013. Selon lui, la filière serait capable d’en créer 75 000 emplois d’ici 2020.
Il dénonce « un cadre d’instabilité. Les tarifs de rachat de l’électricité fixés par l’Etat sont trop faibles pour les installations moyennes, au-dessus de 9 kilowatts. Résultat les PME n’ont pas de travail. » Autre point d’achoppement, le manque de visibilité à long terme sur les appels d’offres de l’Etat qui demeurent encore trop faibles. « On installe en Allemagne en un trimestre ce qu’on met un an à faire en France ! », s’énerve-t-il. Enerplan voudrait également voir se développer l’autoconsommation chez les particuliers : « Il est plus intéressant de revendre son électricité à 26 centimes le kilowatt/heure pour une personne comme vous et moi qui possède une petite installation (moins de 9 kilowatts, Ndlr) plutôt que de consommer une électricité vendue à 13 centimes », explique Richard Loyen.
Pour lui, la transition énergétique relèverait plus de la « trahison énergétique ». Il fulmine contre la centralisation du secteur, spécialité française : « Les ministres de l’Ecologie passent mais c’est bien le corps des Mines qui reste aux manettes et qui décide de la politique à mettre en place. » Elargissant la discussion au nucléaire, qui a provoqué dans les années 60/70 l’installation d’une multitude de convecteurs électriques, très gourmands en électrons, Richard Loyen parle d’aberration. « On s’est équipé en chauffages électriques pour évacuer du kilowatt/heure, nous sommes le seul pays du monde à se chauffer au grille-pain électrique, insiste-t-il ironiquement. Mais cela peut être facilement compréhensible : les promoteurs ou les bailleurs sociaux en ont profité car ce sont des équipements qui demandent très peu d’investissements mais qui sont extrêmement chers en exploitation. » Finalement, c’est le manque de considération pour la filière qui agace. En témoignent des consultations annoncées autour du sujet par le ministre de l’Ecologie Philippe Martin pour début novembre. Un mois plus tard, pas une seule réunion n’a été tenue.
Clément Chassot