Les Verts se sentent mûrs
La tactique est simple : « présenter partout où c’est possible un rassemblement écologiste, dans la lignée des élections européennes », affiche Guy Benarroche, secrétaire régional d’Europe écologie Les Verts (EELV). Après avoir réuni plus de 13 % des suffrages en mai dernier (11,7 % en Paca), les « écolos » veulent en découdre. Habituellement cantonnés au rôle de faire-valoir dans des majorités de gauche, ils ont dans le viseur plusieurs villes de la région : Avignon, Aix-en-Provence, Istres, Digne-les-Bains, Manosque… Beaucoup moins d’espoirs dans le Var et les Alpes-Maritimes, très ancrés à droite. « On ne sert à rien isolés dans des majorités. On veut montrer à quoi on sert, trépigne Guy Benarroche, comme c’est le cas déjà à Grenoble ou à Grande-Synthe. »
Le choix, fin octobre, du groupe local EELV Marseille (74 votants…) de se présenter en autonomie a fait grincer beaucoup de dents chez les sympathisants de gauche (1). Mais l’objectif plus général, conformément à la ligne du patron Yannick Jadot, est clair : s’émanciper du clivage gauche-droite en proposant un « rassemblement écologique » avec leurs alliés de la sphère de l’écologie politique, des associations, des citoyens. Exit les étiquettes politiques classiques. Disrupter en somme. « Nous proposons un modèle de société qui dépasse ce clivage poursuit Guy Benarroche. Une écologie radicale mais pragmatique et pas sectaire. Se retrouver entre la France insoumise et les socialistes, c’est non ! »
Ni droite ni gauche
Un projet de société radical mais qui ne doit pas effrayer. À Avignon, ce beau monde est rassemblé sous la bannière « Bien vivre Avignon, écologique, sociale et solidaire ». Le programme est en cours d’élaboration, « tout le monde est le bienvenu », annonce Jean-Pierre Cervantès, probable tête de liste en mars. Élu avec la gauche en 2014, il a fini par quitter la majorité en grand froid avec la maire socialiste Cécile Helle, et vise les 20 % : « nous serons incontournables ». La stratégie : allez chercher le vote centriste, celui des jeunes et les abstentionnistes. La ligne du parti, plutôt floue, sera affinée ce 30 novembre lors d’un congrès national – après un congrès décentralisé le 16 à Miramas (13). Mais dans les faits, les groupes locaux disposent d’une grande autonomie.
EELV sait aussi que sa « liaison » avec la gauche de la gauche agit comme un repoussoir et que tous les partis traditionnels sont rejetés. Une motion du conseil national a écarté les alliances avec les macronistes de LREM… Mais au soir du 1er tour, tous les rapprochements seront possibles. À Toulon, un rassemblement plus large, à l’instar de ce qui a été initié à Marseille, tente de se faire une place pour challenger le RN et le maire sortant Hubert Falco (LR). Un sondage publié en mars dernier place Guy Rebec, leader écologiste, en tête de la kyrielle de partis de gauche et devant LREM. Certes avec seulement 5 %. Mais cette union est complexe à mettre en place entre un électorat écologiste qui se méfie de la gauche radicale et les électeurs qui se tiennent à distance des partis tout court. « C’est vrai que ce qu’on veut faire est un peu utopique, idéal », admet Guy Rebec. Un écologiste ne vend jamais la peau de l’ours…