Evin et contre tous

avril 2005
Et si on autorisait la pub pour le vin ? Tous les viticulteurs en rêvent...

En temps de crise, il fait bon se donner un ennemi commun. Dans la viticulture, cet adversaire a pris le visage d’un texte adopté en janvier 1991 et devenu célèbre : la loi Evin. Destinée à lutter contre l’alcoolisme et le tabagisme, elle limite notamment la publicité pour les boissons alcoolisées. Bien qu’assouplie à plusieurs reprises, dernièrement pour autoriser sous certaines conditions la promotion des vins de pays et des AOC, la loi Evin focalise toujours les mécontentements. « Rendez vous compte que la télévision chinoise vient de lancer une émission consacrée à la promotion du vin !, s’émerveille Diane Caillard, responsable de la communication de la fédération des caves de vignerons coopérateurs du Vaucluse. Nous en avons assez des campagnes contre l’alcoolisme illustrées par un verre de vin. » Selon les viticulteurs, personne n’a jamais prouvé que boire un à deux verres de vin par jour provoque des maladies.

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Mieux encore : le vin serait un des éléments essentiels du régime alimentaire qu’on nous envie à l’étranger. « La baisse de la consommation sur le marché intérieur s’explique par des campagnes de diabolisation, soutient Diane Caillard. L’éducation au vin devrait être favorisée comme c’est le cas pour le goût. » Jean-Claude Pellegrin, président de la fédération des producteurs de vins de pays des Bouches-du-Rhône, déplore lui aussi que la politique de répression de l’alcool au volant stigmatise les consommateurs de vins : « il est plus facile de taper sur le vin que sur les autres boisons alcoolisées car il est plus aisé de s’en prendre à des milliers de petits producteurs qu’à de puissants groupes agroalimentaires. »

Les partisans du vin ne manquent pas d’arguments. Ce n’est pas la consommation de rouge, de rosé ou de blanc qui conduisent tout droit sur les platanes les jeunes à la sortie des boîtes de nuits. Ou bien encore : il y aurait bien moins d’alcoolisme dans les régions viticoles qu’ailleurs. Les producteurs et amateurs de bières apprécieront. Vigneron spécialisé dans le bio (Var), Michaël Latz ne déroge pas au ressentiment général anti-Evin. « C’est affligeant !, s’indigne-t-il. Ce n’est pas parce que je dis que c’est agréable de boire du vin que je pousse à être un ivrogne. » Le maire de Correns nous assène l’ultime argument : « le vin est fêté dans la Bible. » Quand on voit l’état de sa Sainteté le Pape, le doute nous saisit.

M.G.

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