« Sans respect des droits humains, l’Union européenne risque de mourir »
Pourquoi vous opposez-vous, avec plusieurs maires italiens, à la loi Salvini sur l’immigration ?
Si vous me demandez combien il y a de migrants à Palerme, je vous répondrai qu’il n’y en a aucun. Car en tant que maire je ne fais aucune distinction entre les citoyens de ma ville, qu’ils viennent d’ici ou d’ailleurs. Salvini, lui, introduit le racisme et la différence. Il est contre les droits humains et sa loi va introduire l’insécurité. Il va transformer les personnes qui sont immigrées avec une autorisation formelle en personnes illégales sur le territoire. Cette loi est criminogène. Le permis de séjour est la nouvelle peine de mort, le nouvel esclavage. C’est anticonstitutionnel. Peut être que Salvini ne connaît pas la constitution italienne mais elle est la loi des lois et toutes les lois doivent être respectueuses de la constitution. Je suis avocat, j’ai enseigné le droit constitutionnel. Je connais très bien les risques encourus à ne pas appliquer la loi. Plusieurs élus comme le maire de Naples, de Florence ou encore celui de Parme, dissident du Mouvement 5 Étoiles, ainsi que des chefs de régions me suivent dans ce combat. Nous irons devant la Cour constitutionnelle.
Que pensez-vous de la manière dont la France appréhende la question migratoire ?
J’aime votre pays. Je pense que la France est reconnue dans le monde entier pour la liberté, la fraternité et l’égalité. Il est inconcevable d’imaginer qu’une poignée de migrants à sa frontière pose problème. Cette situation est inacceptable. Et j’ai espoir que la France n’aille pas dans le sens de notre ministre. Car Salvini n’est pas seulement contre les migrants, il est contre l’Italie et le peuple italien. Il est contre la dignité, contre la culture et contre l’Histoire.
Vous avez été député européen, comment expliquez-vous que l’Union européenne ne réagisse pas ?
L’Union européenne risque de mourir si elle n’a pas la possibilité de garantir le respect des droits humains. C’est une des plus grandes évolutions institutionnelles du monde, de l’histoire de l’humanité parce qu’on y a établi de ne pas se faire la guerre et d’y respecter les individus et les droits humains. Si l’Union européenne n’est plus capable de ça, elle n’a donc plus de raison d’être. Et je suis sûr qu’un jour nous aurons à répondre sur le génocide en Méditerranée. Je ne sais pas si ce procès se fera dans les livres d’Histoire ou devant un tribunal, mais il aura lieu.