Marseille Provence 2013 – Dépôt de bilan !
La bataille des chiffres
« Peut-on miser sur MP 2013 ? » titrait ce journal bien avant le lancement de la capitale européenne de la culture (le Ravi n°77, septembre 2010). Et nous listions le festival de promesses des opérateurs du projet : faire gagner 10 ans à Marseille et son agglomération, rapporter six euros pour un euro investi, placer la ville dans le top 20 des grandes métropoles, séduire les touristes, les investisseurs, les cadres supérieurs, le public populaire, atteindre « l’excellence » culturelle, changer d’image, surmonter les obstacles administratifs et politiques qui minent le territoire, faire venir des mécènes privés pour suppléer au désengagement de l’Etat, animer les nuits marseillaises… Sans oublier, un objectif non proclamé des élus : gagner les élections municipales en 2014 !
En décembre 2013, le bilan, encore partiel, est forcément très contrasté selon que l’on s’attarde aux aspects artistiques, économiques ou politiques. La bataille des chiffres – sur la fréquentation des expositions, des spectacles, sur les nuitées d’hôtels, le coût de l’opération et ses bénéfices – ne fait que commencer. Elle est caractéristique d’une dérive. Peut-on réduire la culture à un compte de résultat ? Les artistes doivent-ils se laisser enrégimenter dans des opérations dont la finalité relève souvent plus de la programmation immobilière que de création ou d’un combat pour l’épanouissement des femmes et des hommes ? Le mois dernier, les rencontres internationales du Forum d’Avignon questionnaient « les pouvoirs de la culture ». Il y était là aussi surtout question de PIB, des effets « presque magiques » (sic) de « l’industrie créative ». On y a moins parlé d’art et d’émancipation.
Michel Gairaud
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