Moi, Jimmy Ratcliffe, camelot du crampon
Apprôcheï messieurs dames, ladies and gentlemen ! Veneï décôvrir le nettoyage par le sport, le nouvô prodouit miracle de la commounication !! Ah vous me connaissez un peu ? Pas du tout ? Tant mieux c’est normal je suis un grand discret, je suis pas un Branson (fondateur de Virgin, Ndlr) ou un Dyson. Mais mes produits, eux, vous les connaissez. Des composants que vous retrouvez dans vos médicaments, dans vos gels douche, dans partout ? Eh bien it’s Ineos, it’s me, Sir Jimmy Ratcliffe myself, pour me servir.
Je suis la première fortune du Royaume-Uni, if you please : 21 milliards de livres, accrochez-vous à vos slips !! En 2018, ces tocards du Sunday Times m’avaient classé deuxième. Il a fallu que j’appelle personnellement le rédacteur en chef et que j’ouvre les comptes de ma société pour passer de la dix-huitième à la première place ! (1) Un vrai sacrifice pour moi : je n’aime pas publier les comptes d’Ineos, pour ça que je ne l’ai pas côteï en bourse. Je ne suis pas un trader ni un héritier moi ! Je suis un working class hero de Manchester, élevé à la dure par un père menuisier qui me laissait trimer dans la pluie en disant « le garçon n’est pas en sucre, il ne va pas fondre ». (2)
« J’entends dire que je suis sans pitié »
J’ai été le premier de ma famille à aller à l’université, et pas celle des rupins, mais Birmingham, et puis la London Business School, at last ! J’ai construit ma fortune en rachetant à crédit des usines pétrochimiques pas sexy dont les grands groupes ne voulaient plus, puis en les redressant à coups de stick. « J’entends dire que je suis sans pitié quand j’envisage de fermer une unité qui perd de l’argent. Mais il n’y a qu’en Europe qu’on a une telle attitude. Aux États-Unis ou en Chine, personne ne pense comme ça. » (3) Les syndicats ? Ils m’ont surnommé « Docteur No ». (2) Mais moi je ne me fais jamais exploser ma base secrète par le gouvernement, je trouve toujours une échappatoire !
En 2008, quand j’étais pris à la gorge par les banques, j’ai demandé à Sa Gracieuse Majesté un moratoire de six mois sur la TVA. (4) En pleine crise financière, ce socialiste de Gordon Brown me dit « Fuck off » ?? Eh bien je délocalise mon siège en Suisse ! Et je ne rentre que quand un gouvernement conservateur revient au pouvoir pour baisser les taxes. Comme en 2016 avec ce dear David Cameron qui réduit l’impôt sur les sociétés. La nation ?? Les frontières ? Up yours !!
Je suis business, je suis mondial, je suis partout : 20 000 employés dans 26 pays, 60 milliards de dollars en chiffre d’affaires ! (05) Je suis même chez vous, je crois, à Lavéra près de Marseille. Et puis depuis l’année dernière je suis aussi résident monégasque. What ?? Of course c’est pour les impôts ! J’ai soutenu le brexit parce que c’est bon pour libéraliser encore plus l’économie, mais je préfère mettre ma fortune en sécurité en attendant de voir ce que ça va donner. Et puis figourez-vous j’ai aussi une passion pour les yachts : c’est normal que j’aime la Côte d’Azur ! J’en ai eu deux, 56 et 73 mètres de long, j’ai revendu le premier, j’ai gardé l’autre (6), vous ne dites pas ? Ils sont immatriculés aux îles Caïmans évidemment.
But, speaking of Côte d’Azur, j’en oublie mon produit miracle ! Come on, gather around… Je suis moi-même un fan de sport, ne suis-je pas ? Je pratique le marathon, j’ai le physique élancé et émacié du coureur endurant sur longue distance. Eh bien j’ai découvert que le sport peut faire autant de bien à votre entreprise qu’à votre corps ! Votre marque a de vilaines taches incrustées sur son plastron ?? Moi aussi, j’avais ce problème. Mon industrie était polluante, elle était le symbole d’un capitalisme financiarisé devenu fou et épuisant les hommes et la planète. J’étais pour la fracturation hydraulique et les gaz de schiste. Eh bien avec sport washing©, plus de problème : avec ses principes actifs de diversion communicative, sport washing© accole votre nom à une équipe de haut niveau et le matraque sur toutes les chaînes de télé, toutes les radios, toute l’année. Il vous suffit d’acheter une équipe de foot ou de cyclisme.
Croyez-en mon expérience, I have both ! J’ai racheté la team Sky de Christopher Froome, deux fois gagnante du Tour de France. Et ceux qui disent que voir la chimie mette de l’argent dans le Tour, ça n’est jamais qu’un juste retour des choses, ce sont des mauvaises langues ! La preuve : j’ai aussi investi dans le foot. Je voulais Chelsea, mais ce bloody ruskoff d’Abramovitch said niet. Alors fin 2017 je me suis rabattu sur le FC Lausanne, yes, it is a bit of a lose indeed. C’est pour ça que je suis revenu en force en août dernier pour acheter l’OGC Nice, 100 millions d’euros, une paille ! (07) Haha ! L’Angleterre friquée qui rachète les joyaux de la Côte d’Azur. Mais careful, hein, je ne vais pas faire les même erreurs qu’en Suisse : braquer les supporters en rapprochant le logo du club de celui d’Ineos (8), le faire plonger en ligue 2 à peine arrivé, never again !
Je ne vais pas non plus faire comme mes petits camarades milliardaires Mc Court à l’OM ou Rybolovlev à Monaco. Mon frère Bob, que j’ai bombardé président, l’a dit : « On arrivera pas au succès seulement en dépensant de l’argent. » What d’you say ? You’ve heard it all before ? « C’est un club formidable, un public génial, un très beau championnat, on va allier tradition et modernité », bla, bla, bla. Well… Wait and see ! Mon plan c’est de se donner « trois à cinq ans pour entrer dans les compétitions européennes de manière régulière » (8). La traduction ? Laisser les pétrodollars qataris truster la première place, et se battre pour les deux suivantes avec Monaco, Marseille et Lyon. Ow yes, j’ai peur que la Ligue 1 Conforama ne soit devenu un club de milliardaires. Ow pardon, de millionnaires. Avec ce frenchie, là, Jean-Michel Aulas, qui a seulement 600 millions d’euros de fortune (9), ça fait baisser la moyenne. God ! How hard it is to find good competitors these days !